La région de Jijel, après des années d'accalmie, renoue avec les attentats terroristes, alors qu'en Kabylie, l'ANP met la pression sur les maquis du GSPC. Depuis bientôt un mois, l'ANP mène une grande opération de ratissage dans la région située entre Yakouren et Beni Ksila, à cheval entre les wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa, une zone très escarpée, fortement boisée et difficile d'accès. Des centaines, voire des milliers, d'hommes, appuyés par des hélicoptères, sont mobilisés pour anéantir un important groupe du GSPC qui a transformé cette partie de la Kabylie en un véritable QG d'où sont planifiés tous les attentats perpétrés depuis plus d'une année. Pour de nombreux observateurs, l'attentat qui a ciblé avant-hier un convoi de l'armée à Jijel peut être interprété comme une tentative de certains groupes terroristes de faire diversion, en attirant l'attention des militaires sur cette partie du pays et ainsi desserrer l'étau sur le groupe pris au piège entre Yakouren et Beni Ksila. Traqués à Boumerdès et Tizi Ouzou, les terroristes semblent se replier vers l'Est pour profiter de la nature du terrain, très accidenté, qui ne permet pas à l'ANP d'agir facilement. Les militaires, qui commencent à mieux maîtriser la situation en Kabylie, doivent aujourd'hui faire face à l'ouverture de nouveaux fronts en dehors de cette région, devenue pendant des années une zone refuge pour le GSPC. Il n'est pas exclu que les terroristes tentent d'élargir leur rayon d'action avec des petits groupes mobiles chargés de perpétrer des attentats dans différentes régions du pays en faisant croire qu'ils sont partout et ne plus subir les coups de boutoir des militaires en Kabylie. Après Tébessa et El Oued, c'est Jijel qui est ciblée aujourd'hui et il n'est pas exclu que le GSPC cherche à ouvrir d'autres fronts. La présence de terroristes dans la région de Annaba (voir article de M.-F. Gaïdi) démontre que ceux qui se proclament d'Al Qaïda du Maghreb devraient mettre les services de sécurité en alerte maximale. En Kabylie, le départ des gendarmes après la crise de 2001 et le relâchement de la lutte antiterroriste dans le cadre de la réconciliation nationale sont deux faits qui ont favorisé l'implantation du GSPC. Mais avec le retour progressif des gendarmes dans cette région, l'implantation de nombreuses unités militaires et une meilleure maîtrise du renseignement, les choses commencent à changer. La multiplication des attentats, les kidnappings à répétition de simples citoyens, les faux barrages et la jonction avérée du terrorisme et du grand banditisme n'ont pas été en faveur du GSPC qui pendant des années faisait croire que ses cibles privilégiées sont les services de sécurité. Ce qui fait que la population locale en Kabylie ne supporte plus de vivre la peur au ventre. Cette situation permet aux services de sécurité de reconstituer les réseaux de renseignements et bénéficier ainsi de l'aide précieuse des citoyens dans leur quête d'informations sur le mouvement des groupes terroristes.