Comment trouvez-vous le verdict ? Il me paraît que le verdict est strict, un petit peu sévère, surtout en ce qui concerne l'action civile, c'est-à-dire les trois mois de prison ferme. Ce n'est pas un groupe de voleurs venus pour piller notre patrimoine archéologique et historique tel qu'on nous les a présentés. Ils n'ont fait que du simple ramassage, sans connaître la valeur de ces objets. Il s'agit d'un groupe de touristes qui sont venus en Algérie pour faire de l'aventure et vivre la solitude. Ferez-vous appel ? Bien entendu, nous allons faire appel. J'ai discuté avec mes mandants après le verdict, et nous nous sommes entendus pour qu'on introduise un appel demain (hier, ndlr). En tout cas, nous avons un délai de dix jours pour cela. Dans votre plaidoirie, vous avez plaidé non coupable... Effectivement, mes clients ne sont pas coupables. Lors des plaidoiries, j'ai beaucoup axé sur le fait qu'il s'agit de personnes qui ont le profil de touristes, venues en visiteurs pour passer quelques jours, loin du confort, pour dormir à la belle étoile... Ce sont des gens qui ont de fortes sensations du désert. Comme j'ai essayé de démontrer l'incroyable histoire du guide qui ne parle aucune langue, ni l'arabe ni le français, encore moins l'anglais. En sus, il ne voulait pas sortir de la route goudronnée. Eux, mes clients, sont venus pour le désert non pour autre chose. S'ils étaient des voleurs, ils auraient pu quitter la route à tout moment, en venant des frontières algéro-tunisiennes, vers Djanet. Sinon ils auraient pu ne pas entrer légalement dans le territoire national et aller directement vers le Tassili comme le font les voleurs professionnels. Vous avez soulevé, lors de votre plaidoirie, des anomalies procéduriales dans le procès lui-même. Peut-on avoir une idée plus claire ? J'avais souligné, lors du procès, que la partie civile ne devait pas parler en tant qu'experte. S'il y a lieu de faire appel à un expert, il devait être quelqu'un d'indépendant de toutes les parties, c'est là que réside le vice de forme. Ainsi, je compte axer ma défense lors du procès en appel sur cette faille. Comment voyez-vous le déroulement et la dimension qui a été donnée à cette affaire ? En suivant ce qui a été dit et écrit sur ces touristes, j'ai l'impression qu'on a donné une importance démesurée à cette affaire qui n'est finalement qu'un petit délit de pierres. Mes clients ont été jugés et reconnus coupables par Madame la ministre de la Culture et d'autres avant même le déroulement du procès qui ne semble être qu'une sorte de procès pour l'exemple. Pensez-vous que vous pourrez obtenir la relaxe de vos clients dans le procès en appel ? Après ce qui s'est passé lors de ce premier procès, il me serait difficile d'avancer une quelconque appréciation. Je dirai seulement qu'il y a de l'espoir vu les arguments qui ont été avancés par la partie civile et certaines vices de forme dont j'ai déjà parlé.