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Une chaîne humaine pour briser le mur de la « honte » Quelque 2000 Européens et Sahraouis ont manifesté hier dans les territoires libérés du Sahara occidental
Derribemos el muro de la vergüenza (démolissez le mur de la honte). Ce slogan était scandé continuellement hier par les quelque 2000 Européens et Sahraouis qui se sont déplacés dans les territoires libérés du Sahara occidental. Chedhmia. Chedhmia (Sahara occidental). De notre envoyé spécial Ce lieu martyr des territoires sahraouis garde encore les cicatrices de la sauvagerie des bombardements auxquels ont fait face les combattants sahraouis. Les restes d'engins et les cartouches qui se trouvaient sur place témoignent de cette barbarie du royaume chérifien. 11h passées. L'endroit est noirci par la présence des manifestants, transportés de Rabouni par 4x4 et des camions. Debout face au mur, ces manifestants venus de plusieurs villes espagnoles, italiennes et françaises, auxquels se sont joints des Sahraouis des camps des réfugiés ont formé une chaîne humaine de près d'1 km face au mur de défense marocain qui divise territoire et peuple sahraouis, au vu et au su de toute la communauté internationale. Ce rempart militaire, long de près de 2300 km, a déjà fait des centaines de victimes de part et d'autre de ses flancs. Mais cela n'a pas empêché certains, surtout des Sahraouis, qui ont osé s'approcher de ce symbole de la colonisation… de la honte. Mais ces derniers ont été vite stoppés par les cris des organisateurs qui les suppliaient de ne pas s'approcher des… mines. En effet, des centaines de milliers de mines sont toujours semées par le Maroc dans ces endroits. « Nous sommes là pour exiger la démolition du mur de la honte qui sépare le peuple sahraoui sans sa volonté », lancera Pépé Taboada, président des comités de solidarité espagnols. Ce militant de la cause sahraouie qui est à la tête de 250 comités de solidarité espagnole ne perd pas espoir de revenir sur les lieux assez nombreux. « Nous reviendrons jusqu'à ce que ce mur soit démoli et le peuple ait regagné sa terre », promet-il. « Ce mur que vous voyez en face, dira-t-il, représente la mort, mais celui que nous formons est un mur de paix avec lequel nous démolirons le mur d'en face. » Le président de l'association italienne de solidarité avec le peuple sahraoui, Luciano Ardesi, estimera de son côté que « la manifestation était magnifique et très significative ». « La responsabilité de l'Europe » Un autre militant italien, qui était aux côtés des guerriers du Front Polisario durant la guerre, la considère comme « une manière de témoigner du scandale que ce mur représente – peuple et territoire divisés en deux –, un mur qui enferme les Sahraouis dans une immense prison ». Pour lui, « il faut briser cette honte par ce témoignage fait par une forte participation populaire ». Luciano se dit émerveillé par la volonté des Sahraouis. « Par leur courage de s'approcher du mur, on sent que ces mères sahraouies ont une blessure dans leur cœur et dans leur âme », dit-il. Et pour lui, « à partir du moment où les Sahraouis ne sont pas restés indifférents, nous ne pouvons plus restés indifférents ». M. Luciano estime que « le combat est aux Sahraouis, mais à nous de soutenir leur cause, représenter leur rêve, leur souhait, leur droit et briser cette politique du fait accompli ». L'Europe doit, selon lui, assumer l'ensemble des responsabilités économiques et politiques de cette région et avoir une politique étrangère cohérente avec son statut, ses principes. « Je suis là parce que je pense que la question sahraouie mérite d'avoir sa liberté comme tous les peuples libres », dira Rubio Itziar. Cette étudiante de l'université de la Coopération internationale de Bilbao pense qu'il faut écouter la voix du peuple sahraoui. « Mon sang est sahraoui », ajoutera-t-elle en dénonçant « l'hypocrisie autour ce dossier ». Mais cela ne l'empêchera pas d'avoir espoir que le peuple sahraoui ait son indépendance. Marina était très émue d'avoir vu ce mur. Catégorique, cette étudiante de l'université de Madrid pense que « ce mur doit être supprimé et le peuple sahraoui a le droit de vivre sa liberté ». « Il y a une semaine, dit-elle, je ne savais pas pourquoi je suis ici, mais maintenant je découvre une population qui est jetée dans les camps et personne ne fait rien. » Pour Marina, il revient à l'Europe d'agir pour donner la liberté au peuple sahraoui. Elle estime que les Sahraouis ne doivent pas reprendre les armes. Lititia, une Franco-Espagnole, se dit quant à elle choquée par la situation des Sahraouis. « C'est une situation injuste et oubliée par mon gouvernement », regrette-t-elle. « La position de l'Espagne a changé, car elle a des intérêts avec le Maroc, ce qui est scandaleux », ajoutera-t-elle. Nous sommes avec les Sahraouis et nous voulons créer un mouvement social pour changer la position de notre pays. Il faut que les Nations unies agissent indépendamment des intérêts.