Il est plutôt rare que des actions diplomatiques soient menées simultanément. Il en est ainsi du sommet arabe de Damas qui a réitéré hier l'attachement au plan adopté à Beyrouth en 2002, prévoyant une normalisation arabe avec Israël, en échange d'un retrait total israélien des territoires arabes qu'il occupe, et de la toute nouvelle navette dans la région du Proche-Orient de la secrétaire d'Etat américaine. Hasard de calendrier ? Celui-ci a pourtant été établi depuis une année déjà. Condoleezza Rice a ainsi entamé hier ses discussions dans la région, en appelant à des améliorations « tangibles » sur le terrain pour les Palestiniens, afin de renforcer leur confiance dans les négociations de paix en cours. Ce qui est fondamentalement contrarié par les propos foncièrement pessimistes du président de l'Autorité palestinienne devant le sommet arabe, accusant Israël de morceler les territoires palestiniens afin de créer des bantoustans de sinistre réputation. « Je suis convaincue que ce qu'il nous faut, ce sont des progrès tangibles vers une vie meilleure pour les Palestiniens, au moment même où nous avançons vers la création d'un Etat », a affirmé Mme Rice, lors d'une brève conférence de presse commune avec son homologue israélienne Tzipi Livni. Mme Rice est arrivée la veille en Israël pour sa seconde visite depuis le début du mois, afin de tenter de débloquer le processus de paix israélo-palestinien. Ses discussions devaient se poursuivre en fin de matinée d'abord avec le ministre israélien de la Défense Ehud Barak, puis dans le cadre d'une réunion trilatérale sous sa houlette, en présence de M. Barak et du Premier ministre palestinien Salam Fayyad. Ehud Barak a donné mardi son feu vert au déploiement de plusieurs centaines de policiers palestiniens à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, et pourrait annoncer de nouveaux permis de travail pour les Palestiniens en Israël. Mme Rice avait indiqué, avant son arrivée en Israël, qu'elle souhaitait cette fois-ci faciliter la circulation de marchandises et de persoannes en Cisjordanie pour y améliorer la situation économique. Est-ce là la solution ? Alors que tant d'occasions ont été gâchées. C'est à chaque fois un nouveau départ qui signe un recul dans l'espoir de paix, comme le révèle un sondage réalisé par le Palestinian center for policy and survey research (Pcpsr). Ainsi apprend-on que 80% des Palestiniens estiment que les négociations vont échouer alors que 68% jugent « nulles ou très faibles » les chances de la création d'un Etat palestinien, d'ici cinq ans. En disant ce qu'il pensait de la politique israélienne, Mahmoud Abbas n'a fait que traduire ce pessimisme ambiant. Il faut en effet plus que de simples déclarations que l'on sait jamais suivies d'actes concrets.