Devant tant de sornettes et d'incapacité, l'espérance de paix repose de ce fait sur la sagacité et la détermination de Mahmoud Abbas et d'Ariel Sharon. Le Sommet de la Ligue des Etats arabes qui s'est achevé hier à Alger, aurait pu être celui d'un début d'approche de «normalisation» avec l'Etat hébreu avec pour toile de fond la résolution du conflit israélo-palestinien. Au coeur des attentes et des enjeux, l'Initiative de Beyrouth adoptée en 2002 par le Sommet arabe, qui s'est tenu dans la capitale libanaise est réitérée par le Sommet d'Alger. Encore une fois, Israël s'est montré négatif en rejetant promptement, mardi en soirée, l'initiative de paix arabe réactivée par le Sommet d'Alger. Se fondant sur un principe universel, la terre contre la paix, l'initiative de paix arabe reprend en fait à son compte les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, demandant le retrait israélien des territoires arabes occupés depuis le 5 juin 1967 et le retour à la ligne de démarcation prévalant le 4 juin de la même année. Cette ouverture arabe n'a pas sensibilisé outre mesure Israël qui estime que le Sommet d'Alger est en «retard» sur les changements dans le monde arabe. Quels changements? «Malheureusement, la Ligue arabe préfère se donner l'illusion de l'unité en surface en adoptant des résolutions, en contradiction avec toutes les avancées faites, notamment par l'Egypte et la Jordanie (...)» a déclaré un haut responsable à la présidence du conseil israélien qui a requis l'anonymat. Par hasard, l'Egypte et la Jordanie sont les seuls pays arabes ayant établi des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu sans attendre la résolution du dossier palestinien et la création de l'Etat palestinien. Aussi, selon Israël, le Sommet arabe est «en retard» parce qu'il n'entérine pas l'occupation des territoires arabes, que sans doute l'Etat hébreu veut faire passer par pertes et profits pour les pays arabes. De fait, comme le réaffirmait le président Bouteflika, la question palestinienne conditionne toute normalisation avec Israël qui souligna d'autre part, qu'«il est nécessaire de réaffirmer avec force que la paix est le choix stratégique de tout le monde arabe». Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé Israël à remplir ses obligations rappelant en substance «nous disons à Israël que nous sommes engagés dans la feuille de route et dans les accords conclu à Charm El-Cheikh, nous espérons toutefois que cet engagement soit réciproque». Pour sa part, le chef de la diplomatie hachémite, Hani Moulki, indiquait après la réaction de rejet israélien, «nous leur offrons de normaliser leurs relations non pas avec dix pays arabes mais avec la totalité des pays arabes», regrettant qu'Israël ait «réagi rapidement de manière négative» à l'offre de paix arabe avant d'ajouter qu'Israël «donne l'impression de ne pas être intéressé par la paix». Ainsi au moment où le chef de la diplomatie française, Michel Barnier, estimait que «l'espoir de paix renaît au Moyen-Orient», ne voilà-t-il pas qu'Israël, un des premiers concernés rejette en bloc l'offre de paix des pays arabes et relance ainsi les débats quant à sa volonté d'instaurer une paix véritable avec les pays arabes. Il est patent qu'une normalisation avec l'Etat hébreu ne viendra qu'après la souscription de tous les antagonistes arabes et israéliens à la construction de la paix et à favoriser l'avènement d'un Etat palestinien indépendant. Pourtant il est clair qu'il ne peut y avoir de paix au Moyen-Orient et encore moins de GMO tant que la question palestinienne n'aura pas connu son épilogue. En outre, il ne peut y avoir de stabilité dans la région que si les peuples se libèrent des tutelles. Or, ce n'est guère le cas quand on sait que la politique américaine au Moyen-Orient tend beaucoup plus à avantager Israël et à accaparer les richesses du monde arabe qu'à instaurer la paix. Ainsi, à écouter les propos tenus par le Haut responsable du conseil présidentiel israélien, on comprend mieux qu'il n' y aura aucune volonté d'Israël d'instaurer la paix au Moyen-Orient. En avançant le fallacieux prétexte que le plan de Beyrouth est dépassé, Israël ne fait que confirmer ses ambitions hégémoniques. A l'évidence, Israël veut la paix sans doute, mais sans se retirer des territoires arabes, c'est-à-dire avoir la «paix et les territoires». Et cela est inacceptable pour les pays arabes. Par ailleurs, le roi Abdallah II de Jordanie donne un autre motif à Israël de rejeter l'offre de paix en lançant une attaque en règle contre la Syrie et l'Iran, les accusant d'être la principale menace à la stabilité de la région, lors d'une rencontre à Washington avec des chefs de la communauté juive américaine. Et ceci, peut expliquer cela.