La principale résolution du sommet arabe de Beyrouth 2002 vient d'être relancée. Et, de quelle manière ! Puisque Israël en fait une lecture bien particulière en demandant tout simplement la paix et les territoires. Des déclarations qui accompagnent et suivent le deuxième sommet israélo-palestinien. A ce sujet, le principal négociateur palestinien s'est livré hier à un exercice bien difficile, celui de trouver des éléments positifs à la rencontre que le président palestinien et le Premier ministre israélien venaient de tenir quelques heures auparavant. Pour Saeb Errekat, ce sommet Mahmoud Abbas-Ehud Olmert était « franc, profond et positif », pour la simple raison que plusieurs difficultés et points controversés ont été soulevés lors de leurs discussions qui ont duré près de deux heures. Mais est-ce suffisant ou une fin en soi, car ces questions sont abordées sous tous leurs aspects depuis que M. Errekat a lui-même pris officiellement langue avec les Israéliens, dans le cadre de discussions qui ont abouti aux accords d'Oslo. Et si ces derniers sont morts et enterrés, la faute n'incombe pas aux Palestiniens, tout comme ces derniers refusent d'être à l'origine d'une quelconque rupture. Et pourtant, quelques heures avant ce sommet,qui a eu lieu dimanche, la partie israélienne a clairement fait savoir qu'il n'y avait pas lieu de s'attendre à quelque résultat. Le négociateur en chef palestinien a fait savoir que M. Abbas avait expliqué à M. Olmert que l'initiative de paix arabe, lancée par l'Arabie Saoudite et adoptée par la Ligue arabe lors du sommet de Beyrouth en 2002, prévoyait la reconnaissance d'Israël par les Etats arabes si l'Etat hébreu se retire des territoires palestiniens occupés en 1967. C'est justement cette question que la ministre des Affaires étrangères israélienne commentait hier en soulignant, 5 ans après avoir été rejetée par Israël, que l'initiative en question contenait des « éléments positifs », mais que « certaines de ses clauses additionnelles sont contraires au principe de deux Etats ». Elle a précisé que l'initiative d'inspiration saoudienne proposant une normalisation arabe avec Israël en échange d'un retrait israélien total de tous les territoires arabes occupés, adoptée par l'ensemble des pays arabes lors d'un sommet à Beyrouth en 2002, contenaient « deux clauses additionnelles très problématiques pour Israël », concernant le droit au retour des réfugiés palestiniens. « La première clause se réfère à la résolution 194 des Nations unies qui prévoit le retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers, la deuxième affirme qu'on ne trouvera pas de solution aux réfugiés palestiniens dans les pays où ils se trouvent actuellement. C'est complètement contraire au principe de deux Etats », a-t-elle déclaré. « Un Etat pour le peuple juif et un Etat qui verra le jour pour les Palestiniens, c'est la solution pour le peuple palestinien, y compris pour les réfugiés », a-t-elle ajouté. Tout cela pour réitérer le refus israélien, bien que les arguments, s'ils pouvaient être considérés comme tels, sont tout simplement irrecevables. Cette mystification a commencé en réalité dans une interview publiée le 1er mars par le quotidien palestinien Al Ayyam de Ramallah (Cisjordanie), où elle avait déclaré qu'outre le problème des réfugiés, les frontières du futur Etat palestinien étaient également un point problématique dans ce plan de paix. Ce sont toutes ces questions que les Palestiniens soulèvent avec régularité et insistance, affirmant que, sans leur règlement, il n'y aura jamais de paix véritable, mais une abdication. C'est tout le raisonnement que tenait le défunt président Yasser Arafat, ce qui lui a valu son isolement et son enfermement par Israël, et son successeur Mahmoud Abbas refuse là toutes concessions. Ces questions sont-elles traitées dans le cadre de « contacts secrets » révélés hier par un responsable israélien sans toutefois parler de « canal secret » de négociations ? « Il y a des contacts secrets, mais pas de canal secret de négociations », a confié un collaborateur du ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, sous le couvert de l'anonymat. Des sources palestiniennes avaient fait état dimanche de l'existence d'un « canal secret » entre des responsables israéliens et palestiniens pour des négociations en vue d'une relance du processus de paix. Le « canal secret » évoqué dimanche dernier par des sources palestiniennes impliquerait côté palestinien Yasser Abed Rabbo, membre du comité exécutif de l'OLP et Salam Fayyad, ancien ministre des Finances, et côté israélien, Mme Livni. Les trois responsables se seraient rencontrés secrètement à deux reprises ces dernières semaines. Les discussions auraient porté sur les questions les plus épineuses liées au statut final des territoires palestiniens occupés, notamment le sort d'El Qods, des réfugiés et des colonies ainsi que sur l'initiative de paix arabe ont ajouté les sources. La proximité du sommet arabe, prévu à la fin de ce mois en Arabie Saoudite, semble être à l'origine de cet emballement. Mais c'est aussi le temps de manœuvres. Comme d'habitude.