Des « fous » à Alger, il y en a certainement et pas des plus faciles à vivre. Pour chaque coin de rue de la capitale, son lot d'aliénés en haillons et son petit bout de terre emprunté à Joinville. Lâchés dans la nature par des structures de soins surbookées et défaillantes, ils errent par monts et par vaux, livrés à eux-mêmes et à leurs crises de démence. Dans l'échiquier algérois, tous les fous ne sont pas des pacifiques convaincus. Les cas d'infortunés passants chargés par des « fous furieux » sont légion. De plus en plus fréquents dans une ville où se confondent raison et aliénation. La semaine dernière, une journaliste de la radio Al Bahdja en fit les frais. « Je n'ai pas vu le coup venir. Un coup violent au visage qui m'a fait mordre la poussière de la rue Hassiba », nous raconte-t-elle. Un coup de poing rageur, dit-elle, qui la fera tomber dans les pommes des secondes durant. Les riverains qui lui ont porté assistance lui expliquèrent qu'elle n'est pas la « première victime » de son déséquilibré agresseur. Si tel est réellement le cas, il est à s'interroger pourquoi aucune autorité n'a daigné réagir pour le placer dans une structure adaptée avant qu'un drame ne survienne. Inutile de préciser ici qu'aux yeux de la loi, l'agresseur qui n'a pas toute sa raison ne peut être poursuivi pour quelconque délit ou crime que ce soit.