Personne ne les connaît, ni d'où ils viennent et on les rencontre tôt le matin comme sortant du néant, pour disparaître quelques heures après ou le lendemain. Ce sont les fous de Bordj Bou-Arréridj ou «mahbouline El Bordj», comme on les surnomme dans la capitale des Bibans. «Chaque jour on croise un nouveau malade mental dans les rues centrales de la ville, rôdant autour des cafés, mais on ne les connaît pas et ils sont différents des malades connus bordjiens à cause de leur accent et de leur comportement, parfois très dangereux», racontent les commerçants et les lève-tôt. «Ils sont Annabis, Constantinois, en tout cas la majorité de l'est algérien», précisent les cafetiers. Aussi, un malade mental proférant des insanités et des insultes avec une forte tonalité annabie a semé la panique, ce lundi matin, au niveau de l'avenue de la République, faisant fuir tous les écoliers, les femmes et même les hommes, vu sa grande taille. Pour la Protection civile, ces malades sont des inconnus et aucun ne sait d'où ils viennent. Parfois, certains d'entre eux sont pris en charge et placés dans des institutions spécialisées, parfois ils disparaissent dans la nature en continuant à emprunter la RN5, pour aller vers d'autres villes. Certains commerçants comme les boulangers ou les cafetiers du centre-ville sont certains que ces fous ont été ramenés par véhicules et lâchés au centre-ville, malheureusement les matricules de ces voitures n'ont pas été retenus pour pouvoir connaître leurs wilayas d'origine. De toute façon, l'on est sûr qu'on se débarrasse d'eux, sachant que les services de la Protection civile ou de la police vont les prendre en charge. L'on se rappelle l'année dernière, lors des fortes chutes de neige, le Croissant-Rouge a pu récupérer de nuit un malade bordjien recherché par sa famille depuis des mois, alors qu'il avait trouvé refuge au niveau de la gare ferroviaire. Pire, ces malades ne connaissant pas la ville, s'aventurent sur la RN5 et sont sujets à de graves accidents de la circulation. Aussi, l'on est ramené à poser cette grave question: est-ce qu'il existe un réseau national pour chercher ces pauvres malades errants dans la ville de Bordj Bou-Arréridj et principalement les villages-restaurants comme, El Achir et Sidi Embarak où se croisent des milliers de voitures, venues de toutes les wilayas de l'est algérien. L'on se demande aussi si ce ne sont pas les ambulanciers qui, au lieu de ramener à destination les malades mentaux, préfèrent les «jeter» dans la nature. Des questions qui méritent, pour des raisons humanitaires, des réponses.