L'agenda de la trentaine hommes d'affaires était chargé : rencontres avec le chef du gouvernement et les responsables de huit ministères. La sécurité n'est plus une contrainte pour les hommes d'affaires américains pour investir en Algérie. « C'est le bon moment », a déclaré Don Deline, président du conseil d'administration de l'US-Algerian Business Council (US-ABC), mercredi soir lors d'un point de presse au siège du Word Trade Center Algérie (WTCA), à Alger. Il en veut, pour preuve, la présence des firmes US lors de la 41e Foire internationale d'Alger (FIA), prévue début juin 2008. Une cinquantaine d'entreprises y seront représentées. En 2007, les Etats-Unis étaient absents à la FIA pour des « considérations de sécurité ». Des impératifs qui amènent toujours le département d'Etat à mettre en garde les ressortissants américains à se rendre en Algérie à travers la reconduction du Travel warning. Don Deline, autant que son adjoint, Ismaïl Chikhoune, est satisfait de la première mission prospective d'une trentaine d'hommes d'affaires représentant 24 firmes. L'agenda était chargé : rencontres avec le chef du gouvernement et les responsables de huit ministères. Abdelaziz Belkhadem a parlé des atouts de la destination Algérie : main-d'œuvre qualifiée, taux de change avantageux avec la baisse du dollar, ressources naturelles et énergétiques et projets à la pelle. Hier, en recevant la délégation, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci a, cité par l'agence APS, annoncé la volonté de l'Algérie « d'accueillir, d'assister et d'accompagner les opérateurs américains dans leurs efforts pour investir en Algérie ». Don Deline, qui est également vice-président de la firme pétrolière Halliburton, a estimé que l'Algérie et les Etats-Unis travaillent énormément dans le domaine des hydrocarbures. « Il est venu le temps de faire des changements. Les hommes d'affaires américains, qui veulent connaître plus l'Algérie, sont attentifs aux opportunités offertes dans les secteurs des infrastructures, des ressources en eau. Il existe des projets de construction de routes, d'aéroports, de chemins de fer. Nous en sommes intéressés », a-t-expliqué. « Nous n'avons pas senti que les Américains ne manifestaient de l'intérêt que pour Sonatrach. Ils ont compris que l'économie algérienne avait besoin d'être diversifiée », a relevé Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), présent au point de presse. Le chairman de l'US-ABC a révélé que des négociations sont entamées avec certaines compagnies pour d'éventuels contrats dans les secteurs des ressources en eau, des équipements industriels et des infrastructures. Selon Ismaïl Chikhoune, le secteur où le besoin se fait le plus sentir en Algérie est celui de la construction. « Construction d'aéroports, de routes, de barrages, de stations d'assainissement d'eau. C'est là que les Américains peuvent faire beaucoup de choses. Il faut construire avant de se lancer dans l'équipement et les services », a-t-il appuyé. Les Américains, d'après Don Deline, sont sensibles à la création d'une zone de libre-échange. « Nous laissons le soin aux gouvernements d'en décider. Il en est de même pour l'accord d'Open skies », a-t-il noté. L'accord de l'Open skies, qui ouvre le ciel algérien à la concurrence internationale, est en négociation depuis deux ans. Préparer Air Algérie à affronter cette ouverture semble être le principal frein à la conclusion de l'accord. L'Union européenne (UE) et les Etats-Unis ont négocié pendant quatre ans l'accord Open skies, signé fin 2007. Interrogé sur le partenariat avec les opérateurs privés, Don Deline a précisé qu'il n'y a pas de différence entre les secteurs privé et public. Ismaïl Chikhoune a observé que les grands projets sont ceux de l'Etat et a parlé de la possibilité d'établir des joint-ventures pour accompagner le privé à réaliser les projets. Idée partagée par Réda Hamiani. « Il faut construire progressivement des partenariats utiles. Nous souhaitons voir une implication plus grande des Américains dans les investissements directs. Là, on est dans une phase exploratoire », a-t-il soutenu. A une question sur l'offensive chinoise en Algérie, Don Deline a répondu que les Américains n'avaient pas peur de la concurrence. « Nous cherchons toujours des marchés nouveaux pour y travailler », a-t-il estimé. Il a promis un retour en Algérie avec une autre délégation d'hommes d'affaires et a plaidé pour une intensification de la coopération dans le domaine agricole. Ismaïl Chikhoune a noté que les hommes d'affaires américains obtiennent le visa en 48 heures. Pour cela, il faut avoir une invitation. Cela dit, le vice-président de Halliburton n'a pas répondu à la question relative à la taxe sur les superprofits imposée par l'Algérie aux compagnies pétrolières. « Je suis convaincu de retourner dans ce pays pour le plaisir. Le problème est que je ne suis pas sûr de vouloir repartir », a dit Don Deline. Ismaïl Chikhoune a salué la présence parmi la délégation du chercheur d'origine algérienne, Belgacem Haba, qui travaille pour la firme Tessera à Silicon Valley (Californie). Il a rappelé que ce scientifique de renommée mondiale possède 150 brevets d'invention dans le domaine électronique. « Avec trois chercheurs japonais, il est le seul à avoir conçu les composants miniaturisés qui sont dans les téléphones portables », a-t-il indiqué.