Merci d'éteindre vos téléphones portables. » Cette annonce, les passagers des compagnies aériennes en Europe devraient bientôt ne plus l'entendre, après le feu vert donné lundi dernier par la Commission européenne à l'usage des appareils mobiles en vol. « A partir d'aujourd'hui, le ciel européen est ouvert pour les opérateurs de la téléphonie mobile », a annoncé lundi dernier le porte-parole de la Commission pour les questions de télécoms, Martin Selmayr. Quelques compagnies aériennes ont commencé à faire des tests sur certains vols, visant surtout la lucrative clientèle d'affaires., mais Bruxelles espère généraliser cette pratique qui reste confidentielle, même si le dernier mot revient aux transporteurs. Sur le plan technique, les avions seront équipés d'un système embarqué créant à bord de l'appareil un réseau local auquel se connecteront les téléphones des passagers, une connexion par satellite étant ensuite assurée avec le sol. Pour éviter toute interférence, ce système embarqué empêchera les téléphones d'accéder directement à un réseau téléphonique sur le territoire survolé et limitera la puissance des transmissions. Les communications seront autorisées à partir d'une altitude de croisière de 3000 m et le pilote pourra toujours, si besoin est, couper le service en cas de turbulences par exemple. La commission autorise dans l'immédiat seulement les communications GSM utilisées dans 90% des cas par les téléphones actuels. La téléphonie de 3e génération (3G, UMTS), aux débits plus élevés pour la connexion rapide à Internet notamment, n'est pour l'instant pas concernée. Une autre difficulté aujourd'hui est la nécessité d'obtenir une licence de téléphonie mobile dans chacun des pays survolés. Bruxelles veut y remédier en permettant aux compagnies aériennes européennes de demander dans le pays où elles sont immatriculées une licence valable pour toute l'UE Les pays de l'UE ont six mois pour se conformer à ces nouvelles règles, mais de premiers services de téléphonie en vol pourraient déjà être lancés « dans les prochaines semaines », selon Martin Selmayr. Si pour l'instant seuls les vols dans l'UE sont concernés, Bruxelles estime que d'autres pays autoriseront les systèmes embarqués européens. Les systèmes utilisés par des compagnies américaines ou asiatiques, s'ils respectent des normes de sécurité identiques, devraient eux aussi être acceptés en Europe. Les tarifs seront fixés par les opérateurs télécoms, que la commissaire européenne en charge du secteur, Viviane Reding, appelle toutefois à être raisonnables. « Si les consommateurs reçoivent des factures choquantes, le service ne décollera pas », a-t-elle souligné dans un communiqué. Autre source d'inquiétude, la possible cacophonie qui risque de régner dans les avions, dernier refuge contre les sonneries et conversations téléphoniques bruyantes. Viviane Reding a appelé les compagnies aériennes et les opérateurs télécoms « à créer les bonnes conditions à bord pour assurer que ceux qui veulent utiliser les services de télécommunications à bord ne dérangent pas les autres passagers ». La commission suggère par exemple de faire mettre les téléphones sur silencieux, d'autoriser le cas échéant les SMS ou les courriels mais pas les appels vocaux, ou de couper le service la nuit. Mais ce sera aux compagnies de décider. Face aux critiques que l'arrivée des portables dans les avions ne manquera pas de provoquer, le porte-parole de la commission souligne toutefois que la téléphonie mobile « est une réalité de la vie moderne ».