Dans cet entretien, Ali Kahlane, DG de Satlinker, fait le point de la situation de l'évolution de l'internet en Algérie. Le 20 avril a été déclaré journée nationale du haut débit de l'internet. Qu'en pensez-vous ? Je trouve que le choix de cette date est inapproprié. Elle rappelle les événements douloureux de 1980, ce qui est manifestement entièrement incompatible avec l'objet annoncé. Où est le rapport avec l'internet haut débit ? Il y a plusieurs dates qui auraient été plus indiquées : Youm el ilm, la journée de l'étudiant (19 mai) qu'on peut faire correspondre avec la journée mondiale du Sommet mondial de la société de l'information qui est fêtée (tel que préconisé par le SMSI) autour du 17 mai. En plus, la fête de l'internet est organisée par les professionnels de l'internet, c'est leur fête et celle des utilisateurs (une façon de booster et de promouvoir l'internet d'une façon directe). Elle devrait être une fête à actions et non pas une fête à discours. Elle doit avoir une envergure nationale et non pas limitée à Alger ou à quelques grandes villes. On aurait pu aussi la faire coïncider avec la fête de la jeunesse et de l'indépendance. Le rythme de développement d'internet est-il assez rapide ? Nous n'avons eu aucun mal à faire le diagnostic de ce qui ne va pas chez nous tant le mal est évident. Quant aux causes du mal, elles sont dues à l'absence d'une vision à long terme et surtout au manque d'une cohérence dans les actions engagées. En tant qu'opérateurs du domaine, nous déplorons tous les jours le manque probant de coopération de la part des instances, tels le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication et Algérie Télécom, particulièrement pour son approche mercantile. A ces raisons s'ajoutent l'inertie des institutions responsables, leur manque d'imagination et surtout de confiance en l'avenir. Nous avons appris que des experts et des spécialistes des TIC indépendants ont fait parvenir un « mémorandum sur l'état des TIC en Algérie » au président de la République. Pensez-vous que son contenu a été lu et si des changements ont été opérés ? Je pense que c'est un peu le cas dans la mesure où l'on a pu constater que le sursaut espéré se dessinait progressivement avec quelques changements survenus à Algérie Télécom, Djaweb, INI ainsi que le Cerist. Le mémorandum visait des changements surtout au niveau des programmes, des méthodes et des objectifs. Il nous faut promouvoir les contenus sociaux, éducatifs, culturels, ceux qui participent à la vie citoyenne, qui permettront l'éclosion de nouveaux métiers, de nouveaux services, de nouvelles économies, d'une production améliorée, d'une économie plus saine et qui sont garants de l'après-pétrole. Il conviendrait d'aborder en parallèle la modernisation des administrations et l'enrichissement de nos systèmes éducatifs, et la visibilité de nos entreprises sur le web ainsi que l'Algérie touristique. C'est là que se trouvent les gisements d'emplois, l'amélioration de la vie citoyenne, une meilleure répartition des ressources et une certaine forme de démocratie par l'information partagée et le savoir pour tous. Il faut des contenus aussi authentiques que possibles, ouverts sur l'Algérie et sur le monde. Cela nous permettra par la même occasion d'éviter le harraga numérique !