Le bon de livraison émis par l'ERCE se négocie au marché noir au prix double. Les revendeurs acceptent la marge bénéficiaire de 60 DA proposée par le ministère du commerce. La crise née entre les revendeurs de ciment et l'ERCE n'est pas près de connaître son épilogue, encore moins celle qui touche le marché des matériaux de construction, surtout le ciment. Accusés de tous les maux, les revendeurs de ciment ne comptent pas porter le chapeau d'une situation dont, selon eux, ils ne sont nullement responsables. Les propos du représentant des revendeurs, à la veille de la création de leur association, sont révélateurs : « Nous disposons d'un registre de commerce en bonne et due forme nous permettant de commercialiser tout ce qui touche à la construction, pourtant l'ERCE nous oblige à nous approvisionner chez des intermédiaires, qui imposent leurs prix. Cette même ERCE ne consent à commercialiser son produit qu'avec des entrepreneurs ou des fabricants de parpaing, la plupart n'existant même pas juridiquement. Après une réunion de plus de 50 revendeurs de ciment, nous avons décidé de ne plus nous approvisionner chez les intermédiaires et d'accepter la marge bénéficiaire proposée par le ministère, qui est de 60 DA par sac, et même moins s'il le faut ». Il faut savoir que le bon de livraison pour 20 tonnes, émis par l'ERCE, se négocie par exemple au marché noir autour de 200 000 DA, alors qu'il devrait être cédé à 90 000 DA au maximum. Les revendeurs de ciment, vu leur impossibilité de s'approvisionner à la source, ne peuvent acheter et revendre que sans facture, une situation qu'ils n'ont pas créée mais qu'ils assument quand même, et ce, en collaboration étroite avec la direction du commerce, laquelle appuie leurs revendications. Devant cette crise multiple, l'ERCE aurait décidé de pratiquer une vente « ouverte », c'est-à-dire céder son produit à toute personne qui se présenterait à ses guichets. Solution que réfutent les revendeurs de ciment car « ouvrant la porte à une profusion de spéculateurs qui n'attendent que ça ». Ne voulant pas affronter les oukases de l'ERCE en rangs dispersés, les revendeurs se sont regroupés en association afin de faire entendre leurs doléances ; la première action consisterait à ester l'ERCE en justice. « Si l'ERCE persiste dans son intention d'ouvrir le marché à tout venant, nous refuserons de nous approvisionner chez elle, et de carrément revendre le ciment », conclura notre interlocuteur.