Loïc Hervouet, directeur général de l'Ecole supérieure de journalisme Lille I, a animé hier une conférence à l'université de Blida intitulée « Internet et les journalistes : usages et précaution d'usage » dans le cadre d'un programme de formation sur le journalisme scientifique. Il a présenté des conseils pour éviter les pièges du web. Il faut se méfier de l'enquête « virtuelle », exclusivement menée sur le web, d'un journalisme totalement « assis », où la production d'informations et la création se limitent le plus souvent à de la reproduction et se conformer à la nécessité d'aller sur le terrain, de connaître ses interlocuteurs et de cultiver ses sources, son réseau et son carnet d'adresses autrement qu'au téléphone ou à l'écran. Il convient de bien identifier les émetteurs d'information : apprendre à évaluer la crédibilité des sources et décoder les circuits, même cachés. Le monde virtuel d'internet n'est pas toujours synonyme de véritable vie. La prudence s'impose toujours dans le traitement et la mise à disposition de l'information. Le journaliste est « un facilitateur, un médiateur, un réducteur d'ambiguïtés, de méprises et d'erreurs, un destructeur de stéréotypes et d'idées reçues ». Il a insisté pour dire qu'« il est important de vérifier la crédibilité des sites en fonction de la réputation de la source, le nom du domaine, les citations et les liens hypertextes, l'affichage de la date de la dernière mise à jour, et de voir si ces sites sont réellement interactifs. On se méfiera d'un site où les objectifs de la publication ne sont pas précisés ou lorsqu'ils affichent la volonté de diffuser des idées ». Il faut savoir dans ce cadre que les domaines se terminant par « .com » sont totalement libres. Il n'y a aucune garantie sur l'origine du site. En revanche, ceux qui se terminent par « .gov » (gouvernement), « .edu » (organisations éducatives) ou « .aero », destiné à l'industrie des services aériens, sont plus crédibles. Le conférencier a affirmé que les journaux (support papier) ont peur du web qui constitue d'ailleurs « une vraie menace économique ». La presse quotidienne française traverse l'une des plus graves crises de son histoire. Le Monde a opté pour le couplage entre l'édition écrite et électronique en ajoutant des services à valeur ajoutée qui permettent la fidélisation : lire le journal deux heures avant sa parution pour les abonnés, donner des alertes, offrir des dossiers supplémentaires et accès aux archives. Les enquêtes montrent qu'internet est « un moyen de communiquer par la messagerie et pour l'envoi de documents ». Les journalistes disent aussi chercher de nouvelles sources, sinon des idées d'articles, au travers par exemple des forums de discussion. Il a critiqué « le mythe des journalistes polyvalents, accentué par le net, journalistes à tout faire, ils privilégient la superficialité. »