Plus de 150 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme font l'objet d'enquête par la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf), a indiqué hier le président de cet organe, M. Abdelmadjid Amghar, dans un entretien à l'APS. À la question relative à l'évaluation du montant de l'argent blanchi en Algérie, M. Amghar, qui avait été à la tête de l'Inspection générale des finances (IGF) durant six années avant de diriger la Ctrf depuis 2006, a considéré que “dans un marché informel qui continue à occuper une place importante, on ne peut pas savoir ce qui se passe dans cette sphère où il n'y a aucune traçabilité des opérations”. Mais, selon ses estimations, “près de 40% du marché informel relèverait du blanchiment d'argent”. Depuis son entrée en activité en 2004 jusqu'en avril 2008, un nombre de 153 déclarations de soupçon ont été soumises à la CTRF par des organismes soumis à l'obligation d'informer cette cellule des cas suspects constatés lors de l'exercice de leurs activités. Sur ces 153 dossiers, 151 font encore l'objet d'enquête alors que 2 ont été transmis à la justice, selon M. Amghar. Uniquement pour le 1er trimestre 2008, 40 dossiers de cas suspects de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme ont été soumis à cette cellule, contre 66 dossiers sur toute l'année 2007, 38 en 2006 et 11 déclarations de soupçon en 2005. Pour accomplir sa mission de lutte contre ces deux formes de crimes financiers, la CTRF recueille des renseignements à travers des déclarations de soupçon établies sur la base d'opérations jugées douteuses par les organismes soumis à l'obligation de déclaration de soupçons. Ces organismes, appelés “assujettis”, sont sous forme de deux grands groupes. Il s'agit des organes financiers (banques, assurances...) et des organes non financiers réglementés (notaires, agents immobiliers, commissaires aux comptes, transitaires...) qui sont cités par la loi du 6 février 2005 (article 19) relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Après constitution du dossier, analyse et traitement, le conseil de la CTRF décide, selon le degré de présomption, de la transmission du dossier au procureur de la République. Il est constaté, cependant, que ce sont les banques qui contribuent davantage à informer la CTRF sur les cas suspects alors que les autres assujettis “informateurs” sont, dans une moindre mesure, à l'origine des déclarations de soupçon. Ainsi, sur les 153 déclarations de soupçon recensées jusqu'à maintenant, un nombre de 133 ont été élaborées par les banques (87%), contre 10 par les services douaniers (6,5%), 4 par Algérie Poste (2,6%), 3 par les commissaires aux comptes (1,9%), 2 par la Police judiciaire (1,3%), tandis que les services fiscaux viennent en dernier avec une seule déclaration de soupçon (0,6%). Selon M. Amghar, la CTRF dispose au niveau de toutes les banques algériennes et étrangères activant en Algérie d'un “correspondant” qui constitue l'interface entre sa banque et cet organe de traitement du renseignement financier. Synthèse A. A.