Le Front de libération nationale a eu l'occasion de défendre les positions de l'Algérie. » C'est en ces termes que le responsable de la communication du parti, Saïd Bouhadja, a voulu minimiser l'ampleur accordée à « l'incident » de Tanger où le secrétaire général du FLN et néanmoins chef du gouvernement algérien s'est trouvé « invité » par le chef d'un parti socialiste marocain à lâcher la cause sahraouie pour soutenir le projet d'autonomie marocain et accusé de manière frontale l'Algérie d'être derrière l'impasse. Bouhadja tient à souligner que ce n'est pas en sa qualité de chef du gouvernement que Abdelaziz Belkhadem s'est rendu au Maroc, mais en tant que SG du vieux parti invité à assister à la célébration d'une date importante dans l'histoire des partis du Maghreb arabe. « Nous considérons que la rencontre en elle-même a été un événement très important grâce auquel nous sommes arrivés à ratifier une convention dans laquelle nous scellons notre volonté de travailler conjointement au niveau partisan. Ce que nous considérons comme une victoire », précise le chargé de la communication du FLN. Ce dernier note par ailleurs que lors des rencontres restreintes, les participants se sont accordés à ne point aborder les questions qui fâchent. « Nous avons préféré axer sur ce qui nous unit. Même Mohamed El Yazghi a été d'une grande courtoisie et n'a pas du tout évoqué la question du Sahara occidental », indique le responsable politique qui qualifie les discussions entre les différentes parties de sereines et positives. Voulant, semble-t-il, calmer la tempête qui a soufflé encore une fois sur les relations algéro-marocaines, Bouhadja plaide pour un rapprochement entre les sociétés civiles des deux pays en notant que l'ouverture des frontières est tout à fait possible une fois que les problèmes restants en suspens seront réglés. Pour rappel, c'est lors du meeting populaire organisé suite aux discussions bilatérales entre représentants des partis maghrébins, dont celui d'Elistiklal marocain, présidé par le Premier ministre de ce pays, Abbès El Fassi, que le premier secrétaire de l'USFP, Mohamed El Yazghi, a pris à témoin le public pour mettre le responsable algérien Abdelaziz Belkhadem dans une position pour le moins gênante. « Ce genre d'incident peut arriver, cela s'est déjà passé en 1975 en Libye lors de la conférence de la jeunesse arabe et où la délégation marocaine a carrément quitté la salle en apprenant la participation de la délégation sahraouie. Je crois que ce qui s'est passé à Tanger a été pour nous une occasion d'affirmer l'attachement de l'Algérie à ses positions », affirmera Bouhadja qui plaide pour le maintien d'un dialogue serein. Cet appel a été lancé aussi par Belkhadem à la rencontre de Tanger qui répond à l'attaque d'El Yazghi en disant : « L'Algérie a toujours soutenu les luttes justes pour l'indépendance dans le monde. Comment peut-elle faire fi de ce qui se passe dans son propre espace géographique ? Lui demander d'adopter de telles positions serait lui demander de renoncer à ses principes. » Et d'ajouter : « Mon pays se trouve aujourd'hui l'objet d'accusations outrancières et se voit joindre des intentions qu'il n'a pas. Je me dois de dire en toute clarté que le mal n'est pas forcément de l'autre côté, et que l'autre n'est pas toujours source de nos problèmes, mais qu'il est impératif de revoir ses positions continuellement et de nous mettre à la place des autres afin de comprendre ses motivations et idées ainsi que les principes qu'il défend », précise Belkhadem en guise de réponse à El Yazghi. Le SG du FLN note dans son discours en parlant des relations algéro-marocaines que la normalisation des relations doit se faire sur des bases saines et claires. Le même responsable politique doit tenir une conférence de presse pour apporter davantage de précisions sur l'incident de Tanger.