Le secteur informel est le principal débouché de l'emploi des femmes, est-il souligné dans l'avant-projet du Conseil national économique et social (CNES), qui traite de la question de la femme et du marché du travail. Près de 25% des personnes qui exercent dans des activités informelles sont des femmes, est-il précisé. Ainsi, 308 000 personnes sur les 1 249 000 qui travaillaient dans le secteur informel en 2003 sont des femmes. Le CNES met de ce fait en exergue la difficulté que trouve la gent féminine à intégrer le marché de l'emploi dit officiel. « La crise nationale de l'emploi structuré force les femmes à investir les activités informelles et le travail non déclaré », explique l'organisme dirigé par Mohamed Salah Mentouri. L'absence de données, dont la collecte est récente, laisse penser que le taux de chômage théorique des femmes proportionnellement à celui des hommes est de loin supérieur. Les statistiques existantes confirment toutefois la prépondérance des femmes travailleuses dans le marché parallèle de l'emploi que dans le circuit officiel. Selon le CNES, la contribution directe ou indirecte de l'élément féminin à la production et au développement « provient essentiellement du travail agricole et du secteur informel » qui, souligne-t-on, est « irrégulier, non reconnu et non comptabilisé ». L'industrialisation de certaines productions qui étaient l'apanage du travail à domicile, telles que les pâtes, les vêtements et le tapis, « poussera les femmes à chercher du travail dans les activités informelles à l'extérieur », soutient également le document. Dans ce contexte, les experts du CNES recommandent de mettre en place une politique énergique de promotion du tourisme national et international afin de maintenir certaines activités artisanales. Cette institution insiste également sur la nécessité de prendre en charge la petite enfance par la création de crèches, de jardins d'enfants et autres écoles maternelles pour le développement du travail féminin. Concernant l'évolution du chômage féminin, le CNES rapporte que son accroissement annuel moyen est de 11% alors que le taux d'évolution national, tous sexes confondus, n'est que de 4,8%. En 26 ans, ce taux a été multiplié par 15. Il est passé de 23 000 en 1977 à 347 000 en 2003. Le constat majeur du CNES est que « l'emploi féminin continue de se caractériser par une faible participation à l'activité économique, en référence à sa proportion dans la population totale, autant que par sa forte présence au bas de la pyramide économique ». La femme continue à être victime des idées rétrogrades et traditionalistes qui continuent à subsister dans la société algérienne et qui sont toujours véhiculées dans les manuels scolaires. Ainsi, la femme reste confinée dans les travaux domestiques et la procréation, souligne le CNES. Vision illustrée par le code de la famille dont la promulgation a brisé, selon le CNES, « une dynamique générale de progrès et d'émancipation, dans laquelle l'émergence de la femme dans différentes sphères d'activité prenait une valeur particulière ».