Un secrétaire du barreau de Blida sera présenté aujourd'hui au parquet de Blida pour avoir procédé à un trafic d'actes de mariage pour l'obtention de visas à des femmes présentées comme des épouses d'avocats. Au moins une vingtaine parmi ces derniers ont déposé plainte après que le consulat de France à Alger les ait informés de ce trafic. Le barreau de Blida est depuis mercredi en ébullition. La découverte par l'ambassade de France d'un trafic de papiers pour l'obtention de visas pour les avocats a provoqué la stupéfaction au sein du bâtonnat, non seulement de la ville des Roses, mais également d'Alger. Cette affaire, pour laquelle un jeune fonctionnaire du barreau de Blida est actuellement en garde à vue, en attendant d'être présenté aujourd'hui au parquet (de Blida), a éclaté après que les services des visas du consulat de France à Alger aient découvert dans les dossiers de demande des avocats et leurs épouses des actes de mariage « douteux », établis tous à Blida. Au moins une vingtaine de dossiers venait d'être déposée par les robes noires, en prévision de leur participation à une rencontre internationale prévue en Espagne. Avisés, les barreaux de Blida et d'Alger ont tout de suite ouvert une enquête dont les premiers résultats les ont menés tout droit vers un fonctionnaire du bâtonnat de Blida. Chargé de récolter les dossiers et de les remettre au barreau d'Alger (responsable des démarches auprès du consulat de France pour le compte des avocats de Blida et de Tizi Ouzou), le jeune fonctionnaire aurait introduit de faux actes de mariage dans les dossiers des demandeurs de visas, pour des femmes, en contrepartie de sommes d'argent. Ces faux documents auraient, selon nos sources, tous été établis à l'APC de Blida. Ces dossiers sont par la suite remis dans une valise au bâtonnat d'Alger pour être déposés au service des visas du consulat de France. Selon certains avocats, c'est un des agents de ce service qui se serait rendu compte de ce trafic. Il a remarqué qu'un des avocats avait déjà obtenu un visa mais pour une autre épouse. Il aurait alors demandé des précisions au bâtonnier, qui découvre que l'avocat en question n'a jamais introduit de demande de visa pour sa femme. Une enquête est alors ouverte par les avocats de Blida qui se sont tous mobilisés pour connaître la vérité. Une vingtaine de plaintes atterrit sur le bureau de l'officier de la police judiciaire de la sûreté de wilaya de Blida qui entame les recherches. Mais le secrétaire du bâtonnat avait déjà disparu. Les rumeurs font état de sa fuite vers la Tunisie. Vendredi dernier, après avoir été encouragé par ses proches de revenir au pays, le présumé auteur est arrêté à la sortie de la ville grâce aux avocats. Après des confrontations avec le secrétaire du bâtonnat d'Alger (entendu lui aussi), auquel il remettait la valise des demandes de visas, le présumé auteur du trafic est maintenu en garde à vue et c'est aujourd'hui qu'il sera présenté au parquet. Cette affaire a eu l'effet d'une bombe au sein de la corporation qui s'est d'ailleurs mobilisée pour lever tout équivoque sur la condamnation de tels actes qui, selon Me Sellini, bâtonnier d'Alger, n'honorent pas leurs auteurs.