L'affaire des faux actes de mariage d'avocats demandeurs de visas auprès du consulat de France a fait scandale au barreau de Blida, où le conseil de l'Ordre a été convoqué pour une réunion extraordinaire demain. Dans une déclaration à El Watan, le bâtonnier de Blida, Me Yahia Bouamama, a fait état de nouvelles révélations. Selon lui, l'agent présumé auteur de ce trafic a été « relevé de ses fonctions » en tant que secrétaire, il y a de cela 3 ans, et le barreau d'Alger « a été aussitôt informé de cette décision ». Néanmoins, « certains avocats ont continué à faire appel à ses services, hors barreau, du fait qu'il soit resté en relation constante avec ses collègues du barreau d'Alger qui n'ont jamais cessé de recevoir les dossiers de visas qu'il déposait pour le compte d'avocats et de tierces personnes ». Ce qui, pour le bâtonnier, « engage la responsabilité de ces avocats ainsi que celle des services du barreau d'Alger qui ont agréé les dossiers qu'ils déposaient et n'honore en rien ceux qui ont participé à ces actes combien préjudiciables à toute la corporation... ». L'avocat ajoute que l'agent en question était en contact permanent avec le secrétariat du barreau d'Alger, alors qu'il ne faisait plus partie du personnel du conseil de Blida. « En fait, le jeune et son père travaillaient tous les deux au bâtonnat et étaient chargés de déposer les dossiers de demande de visas au barreau d'Alger, pour les remettre au consulat de France. Lorsque le jeune a été licencié, les avocats étaient obligés de se déplacer à Alger. Pour éviter ce déplacement, le père de l'agent leur conseillait de les confier à ce dernier sous prétexte qu'il avait de bons contacts avec les services du consulat, mais aussi au niveau du bâtonnat d'Alger. » Le bâtonnier a confirmé que l'affaire a éclaté après que le service des visas s'est rendu compte que l'un des avocats avait obtenu un visa pour sa femme, mais sous un autre nom, six mois auparavant. Pourtant, il s'est avéré, après vérification, que le demandeur en question n'était même pas marié. Pour l'instant, les investigations se poursuivent afin de savoir dans quelles circonstances tous les faux actes de mariage introduits dans les dossiers de demande de visas ont été établis à la mairie de Blida. Ainsi, le parquet de Blida, qui s'est saisi de cette affaire, a prolongé hier la garde à vue de l'agent présumé auteur de ce trafic. Son père a été suspendu de ses fonctions par le barreau de Blida, en attendant la fin de l'enquête. Demain, les membres du conseil, convoqués pour une réunion extraordinaire, vont débattre des mesures à prendre à l'égard des avocats « qui n'ont pas été suffisamment vigilants pour agir en dehors du barreau ». C'est ce qu'a affirmé le bâtonnier de cette ville expliquant que, jusqu'à hier en fin de journée, peu d'informations « sur le nombre de faux actes de mariage et celui des dossiers remis à l'agent étaient disponibles. Les avocats n'avaient pas à remettre leurs dossiers à des personnes qui ne faisaient plus partie du personnel du bâtonnat... ». A signaler qu'une vingtaine d'avocats ont déposé plainte individuellement auprès du parquet de Blida dans le cadre de cette affaire, estimant avoir été « floués » par l'agent en question.