« Crimes contre l'humanité », « massacres », « génocides », « répression sauvage et abominable », « carnages ». Chacun usant de son propre vocabulaire, les participants à la rencontre commémorative des événements du 8 mai 1945, organisée hier par le FLN au sein de son siège à Alger, n'ont pas été tendres avec le « système colonial ». Les mots ne sont pas suffisamment forts, aux yeux de certains d'entre eux, pour restituer, à sa juste valeur, l'« horreur » commise en ce jour-là par l'armée coloniale. Pour Abdelmadjid Chikhi, directeur du Centre des archives nationales, l'importance n'est pas dans la qualification de ces événements-là, mais dans le fait que le peuple algérien « avait été privé du droit à la vie » par le système colonial. Il estime que le colonialisme a commis tout au long des 132 ans qu'il a passés en Algérie autant de crimes et de massacres que lors du 8 mai 1945. Tout en revenant sur le contexte de ces événements, M. Chikhi considère que le peuple français est responsable de tous les crimes coloniaux, aussi bien que son Etat. Bien avant lui, Mahmoud Khoudri, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, n'a pas lésiné sur les mots pour dénoncer et condamner les massacres du 8 mai 1945. « Ce qui s'est passé en cette date-là est un crime contre l'humanité que rien ne peut justifier », a-t-il clamé, évoquant au passage les « fours à chaux » de Guelma que le président Bouteflika avait qualifié dans un discours prononcé en mai 2005 aux « fours crématoires nazis ».