Le chanteur algérien Baâziz a été refoulé hier du sol tunisien sans aucun motif. Arrivé hier matin à l'aéroport de Tunis dans l'objectif de passer un week-end en touriste avec un ami, le chanteur s'est vu accoster par des policiers qui lui ont intimé l'ordre de quitter le territoire tunisien. Contacté par téléphone, le chanteur s'est dit outré par une telle attitude de la police tunisienne. « C'était très humiliant de me voir refouler comme un vulgaire criminel, j'exige des explications et je suis en droit de savoir pourquoi on m'a refusé l'accès à ce pays », nous dit-il avec force détermination à ne pas se taire. « Je n'ai rien fait pour mériter un tel accueil, si au moins j'avais commis un délit, j'aurais parfaitement assumé, qu'ils me disent ce qu'ils me reprochent. Je ne vais pas me taire, je vais aller voir l'ambassadeur de Tunisie en Algérie pour lui demander de me notifier par écrit la raison de mon refoulement », souligne Baâziz qui parle de mépris à l'égard des artistes algériens de la part des autorités tunisiennes. L'artiste connu pour ses chansons engagées et subversives n'est pas à son premier refoulement de ce pays voisin. Le 2 février dernier, au lendemain d'un concert donné dans le cadre du festival du rire en Tunisie, Baâziz s'est vu convier par la police, qui s'était présentée à son hôtel, de quitter le territoire tunisien alors qu'il devait donner un autre spectacle le jour même. « A aucun moment lors de ce spectacle je n'ai critiqué le régime tunisien, j'ai même eu droit à des articles élogieux dans la presse tunisienne. Les policiers se sont contentés de me dire de quitter la Tunisie sans aucun justificatif », précise-t-il, en notant qu'à l'époque certains avaient lié ce refoulement à la visite que devait effectuer Bouteflika en Tunisie. « Sous-entendant que la décision venait d'Alger. Mais en rentrant à Alger, je n'ai point été dérangé, je suis même passé à la télé et je n'ai pas été inquiété », note l'artiste. Ce dernier qui a mis fin au contrat qui le liait à la société tunisienne Karoui & Karoui n'exclut pas que ses ex-employeurs soient derrière cette série de refoulements et le fait d'avoir acquis une notoriété certaine dans ce pays voisin est une autre piste à creuser, note notre interlocuteur. « Je ne suis pas le premier artiste à qui on a réservé un tel mépris, il y a quatre mois de cela Lotfi double Kanon a eu droit aussi à un refoulement, d'autres artistes ont eu droit même à un emprisonnement. Qu'est-ce qu'ils ont contre les artistes algériens en Tunisie ? Je tiens à dénoncer ce mépris, j'ai été humilié et je ne vais pas laisser passer cela », estime-t-il. Le ton moqueur et critique adopté par le chanteur vis-à-vis du régime algérien fait-il craindre un effet de contagion et d'écho de l'autre côté des frontières de l'Est ? Nous attendrons comme Baâziz la réponse de l'ambassadeur de Tunisie.