Inscrite au registre des entreprises publiques en quête d'un partenariat, la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) fait l'objet d'un réel intérêt manifesté par les géants français de la mécanique. L'intérêt est surtout manifesté pour quatre des sept segments de l'entreprise, notamment l'unité pont/essieux, l'unité camion et les deux unités de carrosserie sises à Rouiba et à Tiaret. Ces deux dernières unités particulièrement font l'objet, affirme le président-directeur général de la SNVI, Mokhtar Chehboub, de négociations avancées avec les groupes français Caravel et BTK qui sont des carrossiers de renommée mondiale. Pour l'unité pont/essieux, l'intérêt a été manifesté par la filiale française du groupe américain Meritor. Les discussions sont actuellement en cours à propos de la filiale camion de la SNVI avec le constructeur français Renault et qui pourraient, note M. Chehboub, « déboucher sur un partenariat industriel et commercial ». Un partenariat pour qui la forme juridique reste à définir. Le PDG n'écarte pas l'éventualité de la conclusion d'une joint-venture similaire à celle conclue avec l'allemand ZF pour les boîtes de vitesses. La prise de participation de ZF dans le capital de la filiale boîte de vitesses de la SNVI s'est concrétisée par la création d'une société à responsabilité limitée (SARL) dans laquelle le fabricant allemand est actionnaire à hauteur de 80%. La SNVI détient, pour sa part, les 20% restants. Il est à noter qu'aucune manifestation d'intérêt n'a été enregistrée, cependant, pour les trois autres unités du groupe SNVI, à savoir l'unité car et bus, la fonderie et la forge. D'une capacité de production moyenne de 4000 à 5000 véhicules industriels (VI) par an et avec un chiffre d'affaires annuel de 20 à 22 milliards de dinars, la SNVI risque, avertit son patron, « la disparition » dans le contexte mondial actuel caractérisé par une compétition féroce dans le domaine. « Une entreprise qui produit annuellement moins de 100 000 pour les VI et moins de 2000 pour les car et bus est une entreprise vouée à la faillite. Les constructeurs mondiaux actuels des véhicules industriels fusionnent pour garder leurs parts de marché et survivre à la rude concurrence », fait-il savoir comme pour mieux souligner la nécessité pour l'entreprise de trouver un partenaire afin de se maintenir sur le marché de plus en plus concurrentiel. Seulement 5000 camions et 800 cars et bus sont produits annuellement par la SNVI. Ce qui est pratiquement insignifiant comparé au seuil minimum exigé des constructeurs internationaux. La meilleure option pour la SNVI, souligne l'opérateur public, « est le partenariat, car on ne peut accéder au marché mondial que si on est arrimé à un grand constructeur ». La part de la SNVI sur le marché national des VI est estimée à 40%, indique M. Chehboub. Un marché qui absorbe chaque année près de 8000 VI et qui est appelé à atteindre les 25 000 VI dans les cinq prochaines années. La SNVI, rappelle le PDG, a fait l'objet de deux opérations d'évaluation financières effectuées par des bureaux d'études internationaux, en l'occurrence Ernest Young et Boose Allen Hamilton. Evoquant la situation financière de son entreprise, notre interlocuteur fait savoir que « le gel du découvert bancaire de l'entreprise a permis de dégager de bons résultats ». L'impact du renchérissement de la monnaie européenne sur l'entreprise est un autre élément sur lequel le patron de la SNVI a voulu nous parler. Important près de 45 millions de dollars d'inputs en provenance de la zone euro, la hausse que connaît l'euro par rapport au dollar « se répercute directement sur les résultats de l'entreprise ». « L'entreprise sera amené à revoir ses prix à la hausse dans le cas actuel des choses », indique-t-il. D'autres problèmes, bien plus sérieux, viennent se greffer sur le renchérissement de l'euro et qui pénalisent lourdement l'entreprise. Il s'agit particulièrement, note-t-il, de l'évolution ascendante que connaissent les prix des produits sidérurgiques dans le monde qui, en l'espace de quelques années, ont augmenté de 200%. « Même notre fournisseur local, ISPAT, a décidé unilatéralement de nous imposer une hausse de 76% sur ces produits sous peine de rupture de contrat », révèle le manager. L'opérateur indien exporte actuellement toute sa production. En matière d'emploi, les effectifs de la SNVI ont connu une nette baisse au cours des dix dernières années, passant de 15 600 salariés permanents en 1995 à 8000 salariés dont 800 contractuels (CDD) en 2004.