Les négociations sont très avancées avec les sociétés françaises BTK, Caravel et Meritor en vue de la reprise d'unités de la SNVI. Le processus de privatisation a été une nouvelle fois au centre des débats organisés, hier, par le forum du quotidien El Moudjahid et animé par M. Mustapha Mekidèche (conseil en stratégie), M. Chehboub, P-DG de la SNVI, M. Benyounès de l'UNEP, un représentant de l'UGTA, et le président de l'association des exportateurs algériens, en l'absence du ministère de la Participation, pourtant invité. Les débats font ressortir le caractère mitigé des résultats du processus de privatisation. À peine “10% d'entreprises ont été privatisées d'une façon ou d'une autre”, selon M. Mustapha Mekidèche, sur les 1 200 entreprises annoncées. Les opérations de privatisation, reconnaît-on, ont été accélérées pendant la période 2003 à 2005. Mais par rapport aux objectifs assignés à la privatisation par les pouvoirs publics, force est de constater que le processus n'a pas été productif. Le constat est unanime. M. Mekidèche avance deux raisons qui ont influé négativement sur la politique des privatisations en Algérie. Comme facteur exogène, M. Mekidèche cite l'attrait insuffisant des investisseurs potentiels du fait du climat d'affaires jugé médiocre. L'économiste avance aussi les procédures parfois “trop longues” des opérations de privatisation. “Il n'est pas possible de privatiser plus de 50 entreprises par an eu égard à l'agenda des différentes institutions intervenant dans le processus”. Du coup, la question de transition pour un certain nombre d'entreprises publiques est posée. “Faut-il alors assumer, comme c'est le cas en Chine, l'existence d'une économie mixte en Algérie jusqu'à ce que l'initiative privée puisse prendre en charge l'ensemble de la demande du marché ?” s'interroge M. Mekidèche. “C'est une attitude qui n'est pas assumée”, regrette-t-il. Le président de l'Union nationale des entrepreneurs publics abonde dans le même sens. M. Benyounès plaide pour le traitement au cas par cas des entreprises éligibles à la privatisation, d'où la nécessité de l'élaboration d'une stratégie industrielle. Le représentant des entrepreneurs publics explique, à juste titre, que les pouvoirs publics ne devraient pas considérer de la même façon une grande entreprise et une petite et moyenne entreprise, une entreprise qui possède un marché et celle qui n'en a pas… La Société nationale des véhicules industriels illustre parfaitement l'incohérence de la démarche gouvernementale de la privatisation. Aucun constructeur, aujourd'hui, ne viendrait s'impliquer dans une entreprise comme la SNVI, complètement intégrée, qui fait à la fois les pont/essieux, la carrosserie, la plomberie… La logique voudrait que la SNVI se réorganise en filiales selon la nature de l'activité, plus faciles à mettre sur le marché des privatisations. Le président-directeur général de la SNVI, Mokhtar Chehboub, semble vouloir adopter le schéma qui sera proposé au partenaire social. En attendant, certaines activités sont convoitées par des repreneurs. L'intérêt est surtout manifesté pour quatre des sept segments de l'entreprise, notamment l'unité pont/essieux, l'unité camions et les deux unités de carrosserie sises à Rouiba et à Tiaret. Ces deux dernières unités particulièrement font l'objet de négociations avancées avec les groupes français Caravel et BTK qui sont des carrossiers de renommée mondiale. Pour l'unité pont/essieux, l'intérêt a été manifesté par la filiale française du groupe américain Meritor. Les discussions sont actuellement en cours à propos de la filiale camions de la SNVI avec le constructeur français Renault, et qui pourraient “déboucher sur un partenariat industriel et commercial”. Seules les négociations avec BTK, intéressé par l'usine de Tiaret, sont arrivées à maturation. “Nous sommes pratiquement sur le point de conclure. Dans le courant des mois de janvier et février, nous pourrons finaliser cette opération”, soutient M. Mokhtar Chehboub. M. R.