Un peu partout dans le monde, des Algériens sont arrêtés et emprisonnés, certains même y décèdent sans que la diplomatie de leur pays se manifeste énergiquement pour leur apporter secours et assistance. Quelques ONG tentent tant bien que mal de suppléer cette carence qui affecte également les touristes algériens et les hommes d'affaires en butte à une difficulté quelconque. Certes, beaucoup d'Algériens jetés en prison ont commis des actes délictuels, mais s'agissant des sans- papiers, l'assistance de leur Etat doit être automatique du fait de sa responsabilité dans leur condition de parias en pays étranger : les harraga n'ont pas fui par plaisir, mais ont décidé de chercher ailleurs le minimum de conditions de vie qui leur a été refusé chez eux. Ils sont aujourd'hui de plus en plus nombreux à prendre la mer sur des radeaux de fortune et il arrivera inéluctablement un moment où ce sera par vagues entières qu'ils tenteront de franchir la mer Mediterannée qui, au passage, ne se gênera pas pour prendre sa dîme. La diplomatie algérienne n'est pas en train de s'adapter à ce défi nouveau, lancinant et dramatique, elle fonctionne comme si de rien n'était et comme si la société algérienne n'a pas subi de bouleversements. C'est une diplomatie d'il y a vingt à trente années, assurant des prestations « classiques », à un niveau minimum. Aucune réforme en profondeur n'a été lancée en sa direction par le pouvoir politique dont l'une de transformer les ambassades en véritable représentation commerciale en mesure d'attirer vers le pays le plus d'investissements productifs. De nos jours, c'est l'économie qui est le cheval de bataille de la diplomatie mondiale et il est courant que des chefs d'Etat de grandes puissances se déplacent excluvisement pour vendre les produits commerciaux phares de leur pays. La politique n'est plus la panacée de la diplomatie. Cette défaillance de l'Etat à l'extérieur se rencontre également dans les prestations détestables offertes par la compagnie Air Algérie : livrée à elle-même, l'entreprise n'arrive pas à faire face à l'écrasante demande quantitative et qualitative et aux ambitions qui lui sont politiquement exigées. C'est l'image de l'Algérie qui pâtit de chaque retard d'avion et de tout mauvais accueil des passagers. Dans son fonctionnement et dans ses missions, l'Etat n'a été concerné par aucune réforme. Il est aujourd'hui à la limite de la sclérose. Le fameux rapport Sbih qui devait en fixer les grandes lignes a été définitivement remisé au placard. Résultat, les institutions n'arrivent pas à faire face aux difficultés internes du pays, marqué sur fond de paralysie politique générale par des tensions grandissantes du fait de la montée de la paupérisation et des besoins nouveaux en matière de libertés. Et c'est l'argent du pétrole qui sert à colmater les brèches et prévenir toute apparition « d'émeutes », avec en appui un appareil policier de plus en plus dense, de plus en plus sophistiqué pour briser les contestations. C'est un trait saillant de l'Etat d'aujourd'hui, il perd en efficacité, mais il gagne en capacités de répression.