« La noblesse n'est pas de rigueur pour entrer à l'Académie ; l'ignorance, bien prouvée, suffit ». Paul Louis Courrier, pamphlétaire français (1772-1825) Dans l'antiquité, Akadêmos, le jardin où Platon professait, est passé à la postérité. En devenant Académie, le mot se lia pendant longtemps avec des vocables qui incitent au raffinement. Il y aura l'Académie de musique, L'Académie des Beaux-Arts, l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, l'Académie des Sciences, l'Académie des Sciences morales et politiques, l'Académie française et l'Académie de l'agriculture. Fréquentées que par du monde, puisé dans les creusets de la philosophie, des arts, des lettres et des sciences, à ce jour, ces institutions ne souffrent d'aucune controverse. Près de chez nous vient de naître l'académie de la société civile. Au lieu de faire comme tout le monde, on se singularise par une création hybride qui n'aura convaincu que les zélateurs. Sa première manifestation consistera à honorer des acteurs d'inégales valeurs. Après tout, à chacun son mérite. Mais le comble de l'irrationnel sera atteint lorsque des personnalités de l'envergure de Mustafa Benzaza et Abdelkader Benkedadra, décorés à titre posthume, ne seront représentées à la cérémonie par aucun membre de leurs familles respectives. Sans la vigilance d'un patriote de la première heure, leurs trophées seraient restés en rade. Les initiateurs de cette académie toute algérienne, certainement unique en Afrique, font ainsi la démonstration que l'amnésie et le bricolage forment un bon couple.