Tiers payant, numerus clausus, agences Endimed, autant de points qui risquent de mener la vie dure aux malades. Au moment où des préavis de grève sont enregistrés au niveau des wilayas de Batna et de Guelma, le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) compte profiter de son conseil national, qui se tiendra aujourd'hui, pour élargir le mouvement. La réglementation et les modes de services s'agissant des officines privées sont au centre d'un bras de fer qui oppose, depuis longtemps, le syndicat à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas). Les premières manifestations de ce différend les plus révélatrices du degré de la mésentente entre les deux parties, se sont déroulées à l'est du pays, à Annaba et Constantine. On se souvient que 26 gérants d'officines pharmaceutiques de Annaba avaient été déclarés indésirables par le Conseil de l'ordre de la wilaya après avoir donné leur aval à la convention du «tiers payant» initiée par la Caisse nationale des assurances sociales. C'est notamment sur cette formule dite du «tiers payant» que table le syndicat. Elle permet à certains malades d'acquérir leurs médicaments dans les officines conventionnés auprès de la Caisse, cette dernière se chargeant du payement après un certain délai. Il se trouve que la pratique est au centre d'une vive critique dans la corporation puisqu'elle favorise une certaine «classe» d'officines. A Constantine où le ton est monté, M.Oudina, directeur régional de la Cnas dans la même wilaya, concédait: «La répartition des officines conventionnées se fait naturellement selon un schéma géographique précis afin que la caisse ne verse pas dans l'anarchie.» Le remue-ménage autour de la question à l'est du pays contraste étrangement avec un «tiers payant» appliqué à 90% à l'Ouest, notamment à Oran et Aïn Témouchent. Numerus clausus, autre pierre d'achoppement, consacre un taux de présence des officines en fonction de la densité démographique: une pharmacie pour 5000 habitants. Or, l'ancien ministre de la Santé, Yahia Guidoum, a abrogé d'autorité cette répartition pour, semble-t-il, résorber le chômage dans les rangs des jeunes diplômés des écoles de médecine! Résultat, Constantine, selon certains, s'est transformé en véritable terrain de culture. Le syndicat cible enfin les agences publiques Endimed. Des points, qui devaient, en théorie, être liquidés en décembre 2000, exercent toujours, mais sans pharmacien à leur direction ce qui est une infraction au texte de loi relative à la protection de la santé. Elles représentent, selon le Snapo, «un danger pour la santé publique et un blocage pour les pharmaciens nouvellement diplômés».