Le développement de la filière lait en Algérie bute sur de nombreux obstacles : cherté de l'aliment de bétail, indisponibilité de génisses à l'importation, désorganisation des activités de l'insémination artificielle et de l'importation de semences ; ce ne sont là que quelques exemples des problèmes qui freinent l'amélioration de la production nationale de lait qui ne dépasse pas les 2,2 milliards de litres, alors les besoins sont estimés à 3,5 milliards de litres. Les éleveurs arrivent de moins en moins à entrer dans leurs frais en raison du surenchérissement de l'aliment de bétail. « J'ai dû réduire mon cheptel de moitié. Il est passé de 70 bovins à 30 », témoigne Mohamed, un éleveur, qui a été invité avec d'autres professionnels par l'ambassade d'Autriche à débattre de la situation de la filière lait en Algérie. Le prix de l'aliment de bétail est passé du simple au double, passant de 1400 DA le quintal à 2600 DA le quintal, souligne-t-il. Si des mesures ne sont pas prises pour soutenir les éleveurs dans cette conjoncture difficile, nombreux sont ceux qui vont carrément changer d'activité pour d'autres plus rentables, a-t-il indiqué. L'Etat accorde une subvention pour l'aliment de bétail mais celle-ci est proportionnelle au foncier alors que la plupart des éleveurs n'en ont pas, relève-t-on. Des importateurs qui étaient présents lors de cette conférence ont soulevé quant à eux les contraintes auxquelles ils font face. Selon eux, la demande est très forte en Algérie, mais l'offre est réduite en raison de l'interdiction d'importation qui pèse sur certains pays fournisseurs. Depuis l'apparition de problèmes d'ordre sanitaire, l'importation de bovins de France, d'Allemagne et des Pays-Bas est interdite. Les importateurs se sont donc tournés vers l'Autriche qui a toujours été indemne de problèmes sanitaires, mais où « on ne trouve pas ce qu'on veut », a confié l'un des importateurs. La race autrichienne Fleckfieh est très prisée par les éleveurs algériens. L'Autriche exporte vers une cinquantaine de pays, dont l'Algérie qui peine à s'imposer comme client régulier. « Le cahier des charges en Algérie impose d'importer des génisses en gestation de plus de quatre mois alors que ce critère n'est pas exigé dans d'autres pays comme la Russie qui importe beaucoup, elle aussi », fera valoir l'un des importateurs de bovins. Seules les génisses âgées entre 18-28 mois sont autorisées à l'importation en Algérie. « Cela fait une année que je n'ai rien importé, car je ne trouve pas ce que je cherche. Je me suis lancé dans l'importation d'équipements d'élevage pour ne pas faire faillite », affirme l'un des participants pour illustrer les difficultés que rencontre la profession. « Il faut que l'Etat subventionne l'importation de génisses du Canada au lieu de subventionner l'importation de poudre de lait », suggère un participant. D'autres importateurs se sont plaints des taxes exorbitantes auxquelles est soumise l'importation de bovins, des équipements d'élevage et des matières premières pour l'aliment de bétail. « Au Maroc, les taxes ont été supprimées pour ce genre d'importation », indique-t-on. Un représentant de l'industrie laitière, spécialisé dans la production de fromage, a reconnu, quant à lui, que les opérateurs de ce secteur préfèrent recourir à l'importation de lait et ses dérivés que d'utiliser la production locale. « Ça me coûte moins cher d'importer du cheddar d'Australie que de payer 35 DA le litre à un éleveur », a-t-il expliqué. Les participants au débat étaient unanimes à affirmer que si ces problèmes étaient pris en charge, la productivité aurait été meilleure. La conférence était marquée par la présence de Peter Kreuzhuber, responsable au sein du groupe autrichien GeneticAustria, et de Johann Tanzler de la fédération autrichienne des éleveurs de bovins qui ont exprimé leur disponibilité pour aider les éleveurs algériens qui ont acquis des génisses de race Fleckfieh sur le plan technique.