Les 3400 éleveurs producteurs de lait que compte la wilaya de Béjaïa se débattent dans d'inextricables problèmes administratifs et financiers. Seddik Zouaghi, président de l'association des éleveurs de la wilaya, décrit une profession « affectée » par les dispositions règlementaires et la désorganisation du marché. Le cheptel s'élève, selon le recensement opéré lors de la campagne de vaccination de 2007, à 12 600 têtes femelles (7 500 vaches laitières et 5 100 génisses). Une population qui fournit autour de 75 000 litres de lait par jour. Mais, seulement 16 000 litres sont collectés par les producteurs de la région, principalement Danone, Giplait, et Pâturages de Tizi Ouzou. M. Zouaghi explique que les réticences quant à l'adhésion au programme de collecte sont causées par le temps que prend le payement de la subvention concédée et qui est arretée à 7 dinars par litre livré. Les 7 dinars sont versés dans la cession de lait cru aux transformateurs, alors que ces derniers « encaissent 20 dinars de subventions », compare notre interlocuteur qui fait observer que le lait mis en sachet est pourtant reconstitué à partir d'une poudre importée, qui elle-même provient de lait cru. Sur un autre plan, des éleveurs, fait-on savoir, appréhendent l'agrément sanitaire car « celui-ci entraîne le dépistage systématique qui, s'il s'avère positif, oblige parfois à l'abattage de la bête ». Une indemnité d'abattage s'élevant à 20 000 dinars est alors versée. Or, certaines races sont estimées jusqu'à 180 000 dinars la tête. Pour lever les réticences, ils est souhaité « une reconsidération de l'indemnité en l'adaptant à la qualité génétique de la vache atteinte ». Autre indemnité décriée, la prime à l'insémination artificielle appliquée sur les génisses à l'âge de 18 mois. Les 3 000 dinars versés par sujet reconnu gestant depuis 3 mois sont jugés très en-deçà de ce que vaut la prise en charge d'une génisse pendant 24 mois. Ce qui pousse souvent les éleveurs à l'abattage de celle-ci. Toutes les subventions sont, somme toute, qualifiées d'insuffisantes. D'autre part, le prix de l'aliment, dont tous les composants sont importés, est qualifié d'excessif. Il est passé brutalement de 2 200 dinars à 3 700 dinars. Se prononçant sur les bétails importés, M. Zouaghi dira que si cela permet le repeuplement, il génère aussi des difficultés sur le plan de la suffisance alimentaire pour les cheptels. Il faudrait alors importer davantage les composants entrant dans la fabrication de l'aliment. L'association attend là-dessus, pour casser le recours d'une manière ou d'une autre à l'importation, l'amorce d'un développement du fourrage vert par la mise en place d'un programme d'irrigation qui saisisse l'opportunité du relief montagneux de la Kabylie. Les éleveurs soulèvent encore « le problème des impôts ». Alors qu'une TVA est payée pour les équipements et l'aliment, « celle-ci, n'est pas récupérée car le lait est vendu en hors taxe ». Ils ne demandent pas moins qu'une « suppression » de celle-ci. Enfin, l'association revient sur la nécessité d'ouvrir la coopérative d'Amizour à tous les éleveurs. C'est l'une des possibilités « qui matérialisera la levée des contraintes » matérielles et financières décriées.