Le directeur de l'Institut du monde arabe, Dominique Baudis, dresse un bilan positif de son action. Pour la première fois, l'Institut sort de la zone rouge et affiche même un léger bénéfice. Au niveau programme : Oum Keltoum et les émirs bâtisseurs. Avec un million de visiteurs par an, l'Institut du monde arabe (IMA) s'est refait une santé financière. Au bord du déficit il y a un an, l'institut façonné par Jean Nouvel retrouve des couleurs. « Quand je suis arrivé il y a 15 mois, je me suis trouvé dans une situation paradoxale. L'IMA rencontrait un immense succès auprès du public ; les objectifs assignés étaient atteints mais il était financièrement étranglé. Mon objectif a été d'arriver à l'équilibre financier, c'est fait. En 2007, on a même eu un léger résultat positif », se réjouit Dominique Baudis, directeur de l'IMA. Il faut dire que l'honorable institut revient de loin. Avec une dette de 15 millions d'euros pour un budget de 23 millions, il était guetté par l'asphyxie financière. On commence à rembourser les emprunts. Il faudra confirmer ces résultats dans la durée, en majorant les recettes et en diminuant les dépenses. Le financement de l'IMA est assez atypique. A l'origine, la France devait contribuer à hauteur de 60% du budget et le reste par les Etats arabes, avec la même clé de cotisation que la Ligue arabe, pour éviter qu'un Etat pauvre ne soit pas obligé de financer à même hauteur qu'une pétromonarchie. Au bout de trois années, la plupart des Etats ont cessé d'y contribuer. Il y a dix ans, le prédécesseur de Dominique Baudis, avait décidé de changer le mode de financement. Les Etats arabes ne seront plus sollicités mais devront par contre solder leurs arriérés. A ce jour, cinq pays (Yémen, Irak, Libye, Soudan et la Somalie) sont encore redevables envers l'IMA. L'actuel directeur innove : plus question de financement multilatéral, place aux relations bilatérales. Pour la Libye, après d'âpres négociations, de 15 millions d'euros, sa participation a été ramenée officiellement en décembre dernier lors de la visite de Moammar El Khadafi, à 7,5 millions et Tripoli doit financer une exposition « la Libye archéologique » à hauteur de 2,5 millions d'euros. Sur le plan organique, Dominique Baudis veut ouvrir son institution sur l'Europe. « Notre stratégie est la même qu'auparavant, un dialogue entre le monde arabe et la France. Il faut arriver désormais à un dialogue entre Union européenne et Ligue arabe. Je veux réformer les statuts pour attribuer un siège à l'Union européenne et un autre à la Ligue arabe. Je ferai cette proposition au haut conseil de l'IMA le 16 juin prochain. L'IMA a une place dans l'Union européenne. L'IMA est financé par la France, mais il doit s'inscrire dans le paysage européen. Pour les expositions, l'IMA prévoit trois grandes manifestations : le centenaire d'Oum Keltoum à partir du 16 juin, ‘‘Bonaparte et l'Egypte : le coup de foudre'' en octobre et ‘‘les émirs bâtisseurs'' au printemps 2009. Cette dernière exposition a pour objectif de se réconcilier avec les émirats du Golfe. Les Etats du Golfe se plaignent, sans doute à juste raison, que l'IMA soit surtout la maison du Maghreb. Pour des raisons historiques, géographiques, de proximité, et aussi à cause du personnel composé essentiellement de Maghrébins, et à une moindre mesure de Libanais et de Syriens, nous avons privilégié par le passé, le Maghreb au Machreq. Avec cette exposition, nous montrerons tout le dynamisme de Doha, avec la plus grande tour du monde, la mosquée Abu Zayed… », a-til précisé.