C'est dans le bâtiment annexe qui jouxte l'édifice de l'Institut du monde arabe de Paris que s'est ouverte, le 16 juin dernier, une gigantesque exposition, sans doute la plus importante au monde, consacrée à la grande dame de la chanson arabe, Oum Kaltoum (ou Kalsoum selon les prononciations). Et ce, à la grande joie des nombreux visiteurs qui auront jusqu'au 2 novembre prochain à découvrir et apprécier les différentes facettes qui dessinent une personnalité hors du commun, tant au plan artistique qu'au plan personnel, humain et politique. Ce qui frappe au premier abord, par-delà les nombreux portraits et dessins, c'est la multitude de radios-TSF qui parsèment l'espace d'exposition, rappelant combien les ondes sonores ont été les vecteurs essentiels et de qualité d'une voix émouvante qui a retenti, de l'Atlantique au Golfe des décennies durant. En fait, cette exposition doit beaucoup à l'investissement personnel de Dominique Baudis, l'actuel président de l'IMA dont l'épouse, d'origine algérienne, Ysabel Saïah a consacré un livre en 1985 à la vie de « la quatrième pyramide ». Radios donc, mais aussi nombreux extraits de films et de vidéo, notamment son mémorable passage à l'Olympia en 1967, vêtements, pochettes de disques, autant de supports qui restituent un parcours artistique unique de par l'impact non seulement musical, mais sociologique et politique, qui a accompagné sa vie durant « ce phare du monde arabe » qu'incarnait celle et sans doute la seule à avoir réussi l'unité et l'unanimité de tous les peuples arabes pour occuper, au-delà, une place singulière dans le panthéon international de la chanson. De nombreux textes sur panneaux retracent avec force détails et anecdotes les différentes étapes d'une vie bien remplie depuis l'enfance, lorsqu'elle animait mariages et circoncisions, jusqu'aux concerts et tournées mondiales qui ont fait accourir les foules, marquant des générations entières. Les livres publiés, dont ceux d'Ysabel Saïah et Selim Nessib (Oum), sont très demandés, le premier relevant plus de l'hagiographie, et le second, plus iconoclaste, explorant les aspects inconnus d'une personnalité qui a su entretenir le mystère sur sa vie personnelle et amoureuse. Les « people » du monde arabe n'ont guère percé les secrets et non-dits de la grande dame, dont la notoriété mondiale était aussi immense que son jardin secret enfoui au plus profond d'elle-même. Une belle exposition qui ne manquera pas de relancer l'intérêt médiatique et public d'une artiste qui a su élever le chant porté par une voix unique au niveau de ces astres qui dessinent la galaxie des arts. Même si cette voix s'est éteinte dans la douleur incommensurable de tout un conglomérat de peuples, un soir de février 1975… Des dizaines de milliers de visiteurs sont attendus à l'Institut du Monde Arabe de Paris tandis que des dizaines de millions d'habitants du monde arabe rêveraient de voir une telle exposition accueillie dans leurs pays.