«Rien n'a été fait depuis les propos du chef de l'Exécutif et les assurances du ministre du Commerce.» «La flambée» des prix du gasoil, fait sortir les boulangers de leurs fours. Ils déterrent la hache de guerre et raniment la menace d'une grève générale qu'ils ont gelée depuis une année. «La grève est une option devenue inévitable que nous allons annoncer dans les prochains jours» a averti hier, le président de l'association des boulangers, Medjdoub Benadeslam, sans préciser la date exacte de cette protestation. «Les incidences de cette dernière augmentation seront directement supportées par les boulangers», ajoute M.Medjdoub précisant que «80 % des boulangers à l'échelle nationale utilisent des fours à gasoil, particulièrement en dehors des grandes agglomérations où le gaz de ville n'existe pas». Dans son allocution, à l'occasion de l'ouverture des travaux de la 25e session du Cnes, en décembre 2004, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a annoncé l'augmentation des prix de l'eau, de l'électricité et du carburant. «Les prix de l'eau, de l'électricité et du carburant ne peuvent rester figés indéfiniment», a déclaré le chef de l'Exécutif. La loi de finances 2005 a confirmé ses propos en prévoyant une augmentation du prix du gasoil d'un dinar à partir du 1er janvier 2005. En revanche, M.Ouyahia a exclu une augmentation du prix du pain. «Nous trouverons le moyen pour que la facture ne soit pas supportée par les boulangers». Selon le président de l'association des boulangers, «rien n'a été fait depuis les propos du chef de l'Exécutif et les assurances du ministre du Commerce». La révision des prix du pain est l'une des revendications essentielles du syndicat des boulangers depuis une année. Le ton de cette doléance risque de durcir avec l'entrée en vigueur des nouveaux prix du gasoil. Une augmentation du prix de la baguette sera dramatique pour les ménages algériens dont le pouvoir d'achat est précaire. L'Algérie occupe la 5e place dans le classement des pays les plus gros consommateurs de céréales établi par le Conseil international des céréales (CIC). Cette demande est alimentée par la prééminence du modèle de consommation céréalier induit par la dégradation du pouvoir d'achat des consommateurs algériens. En effet, la baisse du pouvoir d'achat des ménages, a astreint ces derniers au retour à un modèle de consommation à dominante «céréales» (pain, galette, pizza, m'hadjeb, gâteaux, couscous et succédanés, pâtes alimentaires). Ces derniers constituent, pour les Algériens, des produits refuges dans un contexte de précarité économique et sociale. Les boulangers ne sont pas les seuls à réagir sur les incidences de ces augmentations. Il y a comme un bouillonnement interne en premier lieu chez les transporteurs et les agriculteurs même s'ils n'ont pas encore tranché quant à l'attitude à prendre dans les prochaines semaines. Pour les agriculteurs, gros consommateurs de gasoil, le ministre de l'Energie a estimé, il y a quelques jours, qu'«une augmentation de la subvention suffirait à couvrir une éventuelle hausse du prix». En attendant, c'est l'association pour la protection de l'activité commerciale qui sort de sa réserve pour protester contre ces augmentations qu'elle qualifie de graves. «En tant que commerçants, nous refusons et dénonçons ces augmentations. Elles affectent d'abord le rythme de la consommation qui va diminuer. Evidemment, les répercussions concerneront en premier lieu le citoyen mais le commerçant ne sera pas en reste puisqu'il va subir l'onde de choc», a dénoncé, hier, M.Hefaïfia Abas, président de l'association de la protection de l'activité commerciale.