Pluies de communiqués, déclarations incessantes et controversées, critiques acerbes et sorties médiatiques en grande pompe. C'est l'imbroglio. El Islah s'entredéchire. Divisé en deux parties protagonistes qui s'accusent mutuellement, le parti de Abdallah Djaballah ne semble pas échapper à la nouvelle donne minant toutes les formations politiques : l'instinct de l'autorité servant des intérêts étroits. La crise interne que vit, depuis près de deux mois, cette formation risque de trouver son prolongement après la tenue du congrès prévu les 29, 30 et 31 décembre. Après la sortie fracassante du président de l'instance suprême du parti (majliss echoura, conseil consultatif), les pro-Djaballah ont tiré hier à boulets rouges sur ce qu'ils appellent « le groupe des sept ». Animée par le trio Abdelkader Belahcène, Lakhdar Benkhalef et Abdelghafour Saâdi (vice-président d'El Islah), la conférence de presse tenue hier au siège national du parti a compliqué la situation déjà tendue. Les animateurs de cette conférence ont voulu apporter une preuve matérielle de « leur honnêteté et de leur transparence » en montrant aux journalistes une vidéocassette retraçant le déroulement de la dernière réunion du conseil consultatif sous la bannière du cheikh Djaballah. « Nos travaux se sont déroulés dans la totale transparence, dans un climat démocratique, sans l'exclusion de personne », a souligné Abdelghafour Saâdi. Défendant le président Djaballah, M. Saâdi n'y est pas allé de main morte pour descendre en flammes les dissidents du parti. Pour lui, le « groupe des sept a voulu nuire à la formation, car ces mêmes personnes, qui critiquent le cheikh et qui l'accusent de vouloir accaparer le parti, étaient auparavant proches de lui, épousaient ses idées et vantaient sa méthode de gestion. Qu'est-ce qui a pu changer depuis ? ». Se référant au règlement intérieur du parti ainsi que celui du conseil consultatif, M. Saâdi dira qu'ils n'ont fait qu'appliquer la loi. « Nous avons retiré la confiance à ces sept membres du conseil pour non-respect des fondements et règles de travail au sein du parti selon l'article 38 des statuts du parti, l'article 64 du règlement intérieur et l'article 05 du règlement régissant le conseil consultatif », a-t-il indiqué. Concernant le gel du bureau politique dont parlent les dissidents, à leur tête le président du conseil consultatif, Mohamed Boulahia, le conférencier soulignera que selon les lois régissant sa formation politique, « rien ne stipule que le gel des activités du bureau politique relève des prérogatives du conseil consultatif. C'est le président du parti, élu par le congrès, qui a le pouvoir de contrôle sur le conseil consultatif et a les prérogatives de revoir toute décision de démission ou de limogeage de chacun des membres, tel que stipulé dans l'article 82 du règlement intérieur du parti ». Revenant sur la tenue du congrès, Abdelghafour Saâdi a confirmé le maintien de la date de son organisation, car il s'agit d'un rendez-vous ordinaire à respecter. « Notre congrès constitutif a été tenu durant le premier semestre 1999. Le mandat est de cinq ans. Ainsi, les lois régissant les partis politiques exigent qu'on tienne le congrès dans le semestre qui suit l'expiration du mandat », a-t-il ajouté. M. Saâdi a parlé de la convocation d'une réunion des membres du conseil consultatif le 9 décembre à Zéralda pour faire le point sur la situation organique du parti et les préparatifs du congrès. Du côté des dissidents, un autre son de cloche. Dans le communiqué rendu public hier par le président du conseil consultatif, il est souligné que « cette initiative est une flagrante violation de l'article 42 du règlement intérieur du conseil qui stipule que le président du parti est tenu de coordonner avec le président du conseil pour fixer la date de la session et déterminer son ordre du jour ». Au rythme où vont les choses, le parti risque de se retrouver au lendemain du congrès dans une situation identique à celle vécue par le FLN. Une situation qui serait inextricable, surtout que le groupe des sept menace de recourir à la justice.