L'arrêt de travail de quelques jours observé par les vétérinaires n'est guère dissuasif. Certains avaient remarqué la profusion des produits sur les étals des magasins. « La pénurie redoutée ne s'est pas produite. Les clients s'en sont eux-mêmes rendu compte », déclare Sayad Djamel, secrétaire national du Syndicat national des vétérinaires du secteur public (Snvafp). Pourtant sans les autorisations des vétérinaires, il était impossible que ces produits puissent rejoindre le circuit normal. « Le certificat de salubrité doit être délivré par les collègues pour que le produit puisse être commercialisé sur le marché », insiste M. Sayad, en faisant remarquer que le contrôle par les agents se fait en amont de la chaîne de production et en aval avec un contrôle sur le terrain fait avec des brigades mixtes (DCP-vétérinaires). « Cela touche aussi bien les produits locaux que ceux qui transitent par les poste frontières ou par l'aéroport », ajoute-t-il. Ce « maillage » empêche-t-il la présence d'opérateurs qui transgressent la réglementation ? Le chargé de l'organique ne se fait guère d'illusions en affirmant que des « trafics » ont été constatés par ses confrères. « N'importe qui signe n'importe quoi, alors que la loi est catégorique là-dessus. En s'y référant, seuls nos agents assermentés sont habilités à signer des attestations de salubrité. Quoique les quelques jours de grève n'ont pas empêché des produits de rejoindre les étals. J'en ai eu la certitude lors d'une mission d'inspection », indique-t-il, en attestant que de faux certificats ont été signés. Deux présidents d'APC des hauteurs de la capitale ont signé des attestations de salubrité, alors que loi vétérinaire 88/08 ne leur donne pas l'autorisation de le faire. Ainsi, quelque 400 quintaux de viandes blanches sont commercialisés avec juste des attestations signées par des APC. Des zones de trafic, on en trouve beaucoup à Alger. « Au bazar Ali Mellah à Sidi M'hamed, plusieurs kilos de viandes sont saisis quotidiennement par les agents de contrôle », ajoute-t-il. Le manque d'effectif et les menaces que subissent ceux qui sont en charge du contrôle est mis en évidence par le syndicaliste. « Le travail des vétérinaires publics n'est guère une sinécure. Des menaces sont signalées, mais les collègues tiennent bon », soutient-il, en indiquant que compte tenu des missions de contrôle très sensibles, les 180 vétérinaires publics en fonction actuellement sont « insuffisants ». Même constat à la direction du commerce (DCP), chargée du contrôle en collaboration étroite avec les vétérinaires et les agents des bureaux communaux d'hygiène (BCH) dans le cadre des brigades mixtes. Seuls 180 agents de cette administration de wilaya sont présents sur le terrain pour un nombre d'opérateurs de plus de 155 000. « Les recrutements ne se font pas en grand nombre. Seuls 31 contrôleurs supplémentaires ont été embauchés en 2006, alors qu'en 2007 ils n'étaient que 16. Les postes pour l'année en cours restent toujours à pourvoir », indique-t-on au niveau de l'annexe d'El Biar. Il reste que le travail se fait toujours suivant des objectifs tracés par avance, signale-t-on encore. « Plus de 2800 interventions ont été effectuées en avril 2008. » Plusieurs procès verbaux ont été, à cet effet, dressés et envoyés au parquet des différents tribunaux compétents de l'Algérois. A noter que 742 P. V. ont été établis pour le seul mois d'avril.