Pots-de-vin, détournement de biens publics, trafic d'influence ou la tchippa. Les termes varient, mais le délit est le même. Sans risque de choquer personne, la corruption ne cesse de gagner du terrain, comme l'indiquent chaque année les rapports des organismes internationaux spécialisés en la matière, d'autant plus que les votes s'achètent et les voix sont comptées aux sous. Le monde entier célébrera aujourd'hui, jeudi 9 décembre, la Journée internationale de lutte contre la corruption, non sans tirer la sonnette d'alarme quant à l'ampleur que prend ce fléau. L'Algérie, qui est parmi les pays les plus concernés, a été épinglée plusieurs fois par des rapports élaborés par des organismes internationaux. Le dernier en date est celui de la Banque mondiale. Cette dernière, pour rappel, a précisé que « 75% des entreprises algériennes indiquent payer des pots-de-vin ». Djillali Hadjadj, porte-parole de l'Association algérienne de la lutte contre la corruption, a fait état dans le rapport de 2003, élaboré par Transparency International, de l'ampleur qu'a prise ce fléau en Algérie. « Les sommes volées par certains hommes politiques sont énormes et il faut rendre cet argent aux citoyens », a souligné Djillali Hadjadj, dans un appel de Transparency International au « rapatriement des fonds détournés par les élites corrompues », le 27 avril 2004. Il a recommandé à l'occasion d'« accélérer le processus de rapatriement des biens d'Etat pillés et sanctionner les responsables ». Transparency International (TI), baromètre de la corruption à travers le monde, axe son rapport annuel pour l'année 2004 sur « l'élite corrompue » et « la corruption politique ». Pour cet organisme international indépendant, les milieux politiques sont les plus touchés par ce fléau qui prend de l'ampleur aussi bien dans les pays développés que dans les pays tiers-mondistes. L'enquête menée dans 50 pays et qui a concerné 50 000 citoyens a abouti à des conclusions effrayantes. Enquête basée sur les témoignages de citoyens. Selon Djillali Hadjadj qui s'est refusé à donner avant terme les conclusions de cette enquête - le rapport final sera rendu public partout dans le monde aujourd'hui à 9h GMT (10h locales) -, il n'y a pas eu un grand changement par rapport à 2003. Les secteurs les plus rongés par la corruption demeurent la police, la justice, les institutions de l'Etat, le Parlement et les partis politiques. Aux yeux de M. Hadjadj, « les gouvernements africains doivent prendre l'engagement de mettre en œuvre la convention de l'Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption et infractions assimilées, tout comme celle des Nations unies contre la corruption. Plus précisément, ils doivent décider des mesures permettant de mettre fin à l'entrée des fonds détournés par les élites corrompues dans les systèmes bancaires internationaux, les institutions basées dans le Nord sont appelées à prendre des mesures plus strictes d'identification du client ». Selon TI, l'Algérie est bien placée sur l'échelle de la corruption. Elle n'est pas loin de l'Indonésie, du Pérou et de Taiwan. Le rapport exhaustif sera rendu public ce matin.