Elle s'appelle Fatima. Elle vit depuis 2003 dans un village de l'Ardèche. Avec sa fille Karima, adolescente, elle rejoint son mari Ali, émigré depuis 1960. Elles pensent que leur séjour en France est un droit, eu égard aux années passées par le père de famille et dont les autres enfants sont restés au pays. Lyon : De notre correspondant Leur tort est de ne pas avoir effectué la procédure de regroupement familial. Ce n'est qu'en 2006 qu'Ali tente la régularisation. Désormais à la retraite, malade, il doit même être hospitalisé dans un état grave. Sauf que selon la réglementation en vigueur, Fatima et Karima auraient dû retourner au pays pour y lancer la procédure. Cependant, vu l'état de santé du père, elles bénéficieront de titres de séjours renouvelables tous les trois mois, jusqu'au jour où l'administration arrête le renouvellement et leur signifie l'obligation de quitter le territoire français. Depuis, soutenues par le Réseau éducation sans frontière, elles vivent ces derniers temps dans une semi-clandestinité, espérant un règlement de leur situation. Autre histoire embarrassante, celle relatée par le quotidien Le Monde du 14 mai. Un jeune mineur qui a « brûlé » la mer et se retrouve à Marseille, via la Sardaigne. Là, il est interpellé par la police et soumis à une radiographie d'âge osseux qui le déclare majeur (19 ans). On lui délivre une obligation à quitter le territoire (OQTF). Soutenu par l'association Jeunes errants, le tribunal administratif saisi reconnaît sa minorité selon les papiers dont dispose le jeune homme. L'OQTF est annulée, mais le garçon continue d'errer ; il est non expulsable vu la convention internationale des droits de l'enfant. Enfin, autre cas, celui de Mehdi, 20 ans, venu en 2006 dans la région lyonnaise pour soigner un cancer du tibia et éviter l'amputation. Depuis, il n'est plus reconnu malade par la préfecture et son permis de séjour n'a pas été renouvelé. Pourtant, il a une prothèse au genou qui nécessite une surveillance constante et qui, si celle-ci n'est pas faite, pourrait mettre en jeu son pronostic vital, ont estimé les associations qui le soutiennent. Interpellé dans le métro lyonnais, il a pourtant été mis dans un bateau en partance pour Alger. Pour la préfecture du Rhône, que le tribunal administratif a conforté, le cas du jeune Mehdi pouvait être suivi médicalement dans son pays d'origine où réside sa famille. Enfin, il y a aussi cet exemple dans la banlieue parisienne : celui d'une universitaire menacée d'expulsion, alors qu'elle était tout de même contractuelle de l'éducation nationale pour enseigner les sciences de la vie et de la terre (SVT). Surdiplômée, elle a une maîtrise en biologie des populations et biologie des écosystèmes et un mastère 2 en agronomie à l'INRA, obtenu en 2006. Inscrite en bio-informatique et bio-statistique, elle préparait un doctorat. Même si sa situation ubuesque peut être réglée, elle renseigne malgré tout sur la mentalité de l' administration pour qui un étranger, c'est un étranger, et qu'additionné cela fait du « chiffre ».