Nadia est revenue de loin. Cette jeune fille était à la dérive avant d?atterrir au village, il y a deux ans. Vu son âge à ce moment-là (18 ans), elle ne devrait pas être là si l?on se réfère aux critères d?admission, comme nous l?a expliqué le représentant de SOS Villages d?Enfants (VESOS). Tout en affirmant que c?était une erreur de l?ancienne direction, il n?a pas manqué de s?en réjouir, en déclarant que cette erreur «salutaire» a sauvé une jeune fille. En effet, Nadia a obtenu son baccalauréat cette année. Avec ses lunettes d?intellectuelle et son air grave, elle semble avoir plus que son âge. Elle a certainement en mémoire le chemin de croix qu?elle a traversé. Pas de père, une mère paraplégique, le dénuement? Des conditions qui ne laisse aucune chance de mener une vie normale. La jeune fille l?a appris à ses dépens. Au milieu de cet environnement hostile, elle fonçait droit vers la déchéance. Le village l?a accueillie et elle a remonté peu à peu la pente. Aujourd?hui, le bac en poche, Nadia s?apprête à rejoindre l?université. Dans le foyer pour adolescentes où elle vit, elle sourit timidement lorsque nous demandons où se trouve la bachelière. Le regard constamment au sol, elle ne nous regarde que pour nous dire qu?elle voit souvent sa mère. Celle-ci effectue régulièrement le déplacement vers le village pour voir sa fille qui prend désormais une autre trajectoire. Cela n?a malheureusement pas été le cas du frère de Nadia qui a fait un court séjour ici. La rue l?avait marqué et il y est vite retourné.