Une fatalité de la régression paraît s'acharner sur le football algérien. Désormais, classé centième au plan mondial, il n'en mène pas plus large au plan national. Les championnats de première division et de superdivision se sont achevés dans un climat d'émeutes, de ressentiment et de surenchères de la part de bon nombre de clubs qui n'ont pas accepté la sanction du terrain. Dans le monde entier, des équipes – et des plus prestigieuses – peuvent rétrograder en division inférieure. Cela s'est, par exemple, vu en Italie, en Allemagne, en Angleterre, ou tout récemment en France où le prestigieux FC Nantes est descendu au purgatoire. Le non moins prestigieux club anglais de Leeds, qui fit les belles soirées de championnat européen, a purement et simplement, lui, disparu de la circulation. Ce n'est pas une position acquise pour l'éternité que de figurer dans les divisions supérieures. Les grands clubs doivent, comme le phénix, pouvoir renaître de leurs cendres. La loi du sport est dure mais elle doit rester, en toutes circonstances, et pour tous, la loi. Elle doit donc s'appliquer sans distinction ni préjugé à toutes les équipes engagées dans la compétition en connaissance de cause. Honneur aux champions, en fin de parcours, les clubs qui ont raté leur saison ayant le devoir de se reconstruire comme cela se fait partout ailleurs dans le monde. Ce n'est pas faire preuve de sportivité que d'entretenir une insoutenable pression pour amener les instances en charge de la compétition à invalider les résultats du terrain en introduisant une réforme du système de compétition dont la seule finalité serait de repêcher des clubs qui n'ont pas su s'imposer à la régulière, comme se plaisent à le dire les footballeurs. L'idée d'un championnat à vingt clubs fait ainsi son chemin ces derniers jours, comme si cette solution constituait la panacée. Pourquoi y recourir seulement maintenant et comme s'il y avait péril en la demeure ? Et si c'est le cas, il est plus pertinent de ne pas laisser planer des malentendus sur l'irruption du politique dans le football. Comment un championnat avec vingt clubs pourrait-il être fiable alors que la saison est bouclée de justesse avec seize équipes ? La mesure relèverait de l'improvisation et pourrait conduire nombre de clubs à demander pourquoi ils n'en ont pas bénéficié lorsqu'ils avaient été condamnés à la chute. Des décisions aussi fondatrices ne se prennent pas du jour au lendemain car elles doivent être adossées à de rigoureuses études de faisabilité sur les capacités techniques, infrastructurelles, foncières et économiques de gérer un championnat à vingt clubs et à plus forte raison à vingt-quatre clubs répartis en deux groupes. Ce n'est pas qu'il ne faille pas changer, mais le faire dans la précipitation et sous la contrainte ne pourrait être productif qu'un temps mais pas tout le temps. La refondation du football algérien ne passe manifestement pas par les mesures à l'emporte-pièce dont chacun sait que c'est de la fuite en avant. En d'autres termes, il s'agit de traiter les causes et non les effets qui ne sont désastreux et spectaculaires que parce que le mal est profond et ancien.