De sa voix cristalline et ensorcelleuse à la fois, l'artiste, Nassima Chabane, a tout simplement plongé le public durant deux heures, dans un voyage mystique. A 21h passées, Nassima Chabane fait son entrée sur scène sous des salves d'applaudissements. Vêtue d'un karakou mauve et d'un seroual medouar vert amande, elle salue gracieusement les mélomanes et autres fans. La huitaine de musiciens présents se lance dans un enivrant istikhbar. Toute de suite après, Nassima prend la parole d'une voix très émue : « C'est un grande joie pour moi de vous accueillir ce soir, pour faire avec vous le plus beau des voyages musicaux. » Le coup d'envoi de la soirée est étrenné par de célèbres titres dont, entre autres, Zarani El Mahboub, Ayamentara, Belargh Salami Illa El Djazaïr, Bahdja Bent El Djazaïr, Wahed El Ghezyel. A chacune de ses interprétations, des youyous stridents retentissaient dans la salle. Joignant le geste à la parole, Nassima lance à ses invités : « Vous m'avez beaucoup manqué. » De sa voix mielleuse, elle poursuivra son répertoire par des chansons exhumées de son prochain album intitulé Noces d'Algérie, un album qui sortira dans les bacs des disquaires français en septembre prochain. La chanteuse ne manquera pas de rendre un hommage appuyé à certains regrettés artistes, ayant révolutionné le monde musical de leur exil, à travers de sublimes reprises. Avec une brillance et une élégance lyrique et instrumentale d'une grande épaisseur artistique, Nassima a décliné, en langue berbère, un des titres les plus significatifs de Slimane Azem : Afrokh ifireless. Cette chanson est, d'ailleurs, reprise en duo par l'artiste Idir dans son prochain album. Un autre cheikh, en l'occurrence Hasnaoui qui, rappelons-le, avait quitté l'Algérie par dépit amoureux, renaît sous la voix mezzo soprano de Nassima à travers Noudjoum Ellil. Essuyant de timides larmes, Nassima ne manquera pas de préciser que « cela me touche de reprendre ces célèbres titres. Je me sens proche de ces talentueux artistes, car ils ont pris le chemin de l'exil comme moi ». Deux autres chansons, Megouani Sahran, de feu El Hachemi Guerrouabi, et Rah El Ghali, du regretté Mahboub Bati, ont suscité de vives émotions, engendrant des souvenirs indélébiles d'une époque révolue à jamais. Les vingt dernières minutes du concert ont été consacrées exclusivement à des chants religieux et à une qacida de Ahmed Alaoui, Leïla.