Une charte de coopération entre la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et la Fédération maghrébine de médecine d'urgence et de catastrophe (Fmmuc) a été signée jeudi dernier, à la faveur du 2e Congrès de la Société française de médecine d'urgence qui s'est tenu du 4 au 6 juin au Palais des congrès de Paris par les présidents des deux Sociétés savantes (Pr Patrick Goldstein et Pr Nejib Keraoui délégué par le président le Pr Ahmed Balma nommé en mars 2008), portant sur la coopération scientifique, la formation des professionnels de l'urgence et l'organisation des systèmes d'urgence préhospitalier et intra-hospitalier. Paris : De notre bureau « C'est une date historique et c'est une charte de coopération qui devrait permettre de faciliter la réalisation de projets essentiels à l'évolution de la médecine d'urgence au Maghreb », nous a déclaré le professeur Abdelouhab Bellou, chef du service des urgences du CHU de Nancy, président de la Commission internationale de la SFMU et, depuis deux ans, vice-président de la Société européenne de médecine d'urgence, Eusem. Et de signifier que cette coopération « apportera le meilleur ». Le président du SAMU de France, le Dr Marc Giroud, était présent à la signature de cette charte et facilitera activement cette coopération qui existe déjà dans le domaine de la prise en charge de l'urgence pré-hospitalière. Les SAMU existent en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Il est rappelé que la Fédération maghrébine de médecine d'urgence et de catastrophe, regroupant les sociétés savantes de médecine d'urgence algérienne, tunisienne et marocaine, a été créée en 2007, à l'issue du premier congrès maghrébin de médecine d'urgence qui s'est tenu au Maroc en 2007. Gérée par un directoire, cette fédération, qui devra s'élargir aux sociétés libyenne et mauritanienne, s'est fixée comme objectifs de favoriser le développement de la médecine d'urgence, de promouvoir la recherche et l'enseignement, et de favoriser le partenariat avec la Société française de médecine d'urgence. Des contraintes à lever Au cours de la présentation d'un état des lieux de la médecine d'urgence au Maghreb, lors d'une table ronde consacrée à la médecine d'urgence en Europe et au Maghreb, modérée par le professeur Bellou, il en ressort qu'en termes de contraintes, le contexte est celui d'une inadaptation de l'offre par rapport à la demande, d'un manque de personnel médical et paramédical, d'une insuffisance de coordination et de communication entre les services, d'une formation insuffisante, d'une non-reconnaissance de la spécialité. Quant aux atouts, ils ressortent d'une volonté politique de la réforme du système de santé, l'existence d'une offre de soins, de compétences humaines, de sociétés nationales de médecine d'urgence et de la création de la Fédération maghrébine de médecine d'urgence et de catastrophe. « La création de la Fédération maghrébine devrait tirer vers le haut les sociétés qui la composent », estime le professeur Bellou. « L'Algérie a des moyens humains, une médecine efficace, mais beaucoup de problèmes organisationnels », a-t-il ajouté pour souligner les efforts d'organisation et de développement de la médecine d'urgence en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Les Marocains se sont résolument engagés depuis 2002 dans le développement de la médecine d'urgence, notamment en matière de formation, aidés et soutenus par leurs homologues français, les Tunisiens leur ont emboîté le pas depuis 2005. Ainsi, des trois sociétés maghrébines de médecine d'urgence, c'est la société marocaine qui apparaît comme la plus engagée et la plus entreprenante pour combler son retard et ses insuffisances, suscitant, à cette fin, de réelles opportunités de partenariat. « Avec l'Algérie, ça démarre, des contacts ont été entrepris » souligne le professeur Bellou. En Algérie, la médecine d'urgence n'est pas enseignée comme une spécialité universitaire, il existe pour l'heure un certificat. Mais les contacts qu'il a pu avoir avec le Pr Guerinik, le président de la société algérienne, lors du congrès franco-marocain à Marrakech en février 2008, montrent que la démarche vers la création de la spécialité de médecine d'urgence est engagée. En Tunisie, la spécialité existe. Au Maroc des médecins généralistes reçoivent une formation d'une durée de deux ans, sanctionnée par un diplôme universitaire à côté de la spécialité qui existe depuis 6 ans. Des opportunités à saisir Médecin urgentiste à l'hôpital de Dreux, le Dr Djamal Bouhaddi souligne que la bonne volonté existe de la part de médecins d'origine algérienne pour agir aux côtés de leurs confrères en Algérie, pour peu qu'on leur en offre l'occasion. C'est aussi le point de vue du professeur Bellou qui n'oublie pas ses origines algériennes et qui se dit prêt à s'engager dans tout projet de partenariat avec ses homologues algériens. Ainsi, de réelles opportunités sont à saisir. Un grand nombre de médecins à diplôme étranger, parmi lesquels des Algériens, se sont engagés il y a une dizaine d'années dans la médecine d'urgence, où des postes étaient à pourvoir. Aujourd'hui, ils sont porteurs de compétences avérées et d'une solide expérience.