Très lourd est le bilan des accidents de la circulation qui fauchent chaque année plus de 4000 âmes sur des routes s'apparentant de plus en plus à des champs de bataille où se tiennent tête des chauffards en mal de sensations fortes et qui causent une perte économique d'une valeur de 100 milliards de dinars annuellement. Il n'est plus à démontrer que le facteur humain est le premier responsable des accidents de la route dans plus de 83% des cas recensés, ce qui pose la problématique de la valeur des permis de conduire délivrés par les auto-écoles algériennes. Une journée d'étude a été organisée hier par le Centre national de prévention et de sécurité routières et sous l'égide du ministère des Transports autour d'une étude universitaire dont l'objet a concerné « le système de formation et d'entraînement à la conduite ». Le constat établi par cette enquête empirique effectuée par des enseignants du laboratoire de prévention et d'ergonomie de l'université d'Alger est sans appel. « Le programme et les outils d'enseignement et d'examen sont à revoir. » S'arrêtant sur les raisons de la médiocre prestation des conducteurs sur nos routes, les enquêteurs sont arrivés à la conclusion qu'il existe un partage de responsabilité entre les différents acteurs intervenant dans la formation des automobilistes. Le candidat à la conduite est accusé de vouloir faire dans la facilité et de ne pas insister sur une réelle compréhension de l'art de la conduite. Fixant comme seul objectif l'obtention du permis, le candidat néglige l'aspect de la formation. L'étude souligne toutefois qu'une telle attitude est motivée par la carence pédagogique dont font preuve les formateurs et autres moniteurs des auto-écoles. Ces derniers qui sont accablés d'une grande partie des maux dont souffre la formation à la conduite en Algérie sont accusés d'agir en « commerçants et non pas en formateurs ». Parmi les nombreux griefs retenus contre cette catégorie d'acteurs de la formation à la conduite, l'enquête cite le non-respect des heures et programmes de formation, en sus de l'inexistence de moyens réels pour une formation de qualité. Les examinateurs n'ont pas été en reste, puisqu'ils sont accablés d'agir sous l'emprise de la subjectivité et de ne pas respecter le temps adéquat pour un examen pédagogiquement acceptable. Le ministère des Transports est aussi cité comme négligeant la disparité existant dans les programmes enseignés. « Il n'existe pas de programme unifié ni d'objectifs clairs sur le standard de formation que nous voulons. L'Etat ne met pas assez de moyens à la disposition des formateurs et examinateurs, et ces derniers ne respectent pas, voire négligent le rôle réel qui leur est assigné qui est celui d'inculquer les véritables règles de conduite citadine et professionnelle pour les futurs automobilistes, et celui d'examiner dans des conditions de respect et d'objectivité les candidats », explique un des initiateurs de ladite étude, Boudherifa Hamou. Une série de recommandations a été émise par cette même étude dont l'impérative révision du système actuel vers une modernisation des outils pédagogiques, l'amélioration de la qualité de l'enseignement par l'introduction de nouveaux modules, dont l'apprentissage de la mécanique, et surtout l'application d'un contrôle régulier au niveau des auto-écoles afin de veiller au respect strict et rigoureux des conditions de formation adéquates. Le permis à points figure aussi parmi les nombreuses recommandations afin de freiner l'élan funeste de certains conducteurs irrespectueux du code de la route. « Avec l'application du permis à points, nous avons estimé un gain de 4 à 5% du nombre de blessés et de tués, et la multiplication des taxes et contraventions a de loin dépassé ce taux. Ce qu'il faut savoir c'est que chaque pays doit avoir sa propre appréciation de la mesure qu'il faut adopter, mais ce qui doit être obligatoire c'est d'avoir un suivi continu de la demande routière. Toute mesure est appelée à changer, car l'objectif étant d'avoir le moins d'accidents possible », explique Marc Gaudry, expert international en matière de sécurité routière.