Statistiques 15% des accidents de la circulation sont dus au mauvais état de la route. Un taux, a priori, faible par rapport à celui imputé à «l?erreur humaine», mais tout de même un taux de trop. Le 28 février dernier, Mohamed Maghlaoui, ministre des Transports, avait déclaré, lors d?un séminaire national sur la prévention des accidents de la circulation, que «l'état des routes est impliqué dans 15% des accidents». Soit un taux bien inférieur à celui induit par le facteur humain qui, lui, se situe, selon les statistiques nationales, à hauteur de 85%. Mais ce que le ministre semble omettre, c?est que l?état des routes, même s?il n?occasionne pas un accident sur-le-champ, finira par en être à l?origine avec le temps et ce par l?usure du véhicule. Si le taux de 15% s?avère insignifiant par rapport à celui des 85% imputé au «facteur humain», il est en revanche frappé malheureusement du sceau de la tragédie. Jugeons-en : 44% de ces accidents causent des préjudices corporels. 34% sont mortels, 30% des véhicules accidentés sont «bons à la casse» et 56% perdent la moitié de leur valeur marchande après l?accident. Le coût économique d?un seul nid-de-poule sur un tronçon de route peut se chiffrer à des millions si on ose faire l?addition entre ce que coûte un accident aux assurances, au capital décès, aux soins médicaux, à la récupération des épaves des véhicules, au rafistolage et à la réfection de ce même tronçon. Si les accidents de la route coûtent annuellement 100 milliards de dinars, les 15% du facteur «mauvais état des routes» donneraient en chiffre quelque 15 milliards de dinars. «Une somme à même d?être injectée pour réaliser 120 km de l?autoroute Est-Ouest !», selon un cadre de l?Agence nationale des autoroutes (ANA). Les routes totalement délabrées ou carrément impraticables, si elles ne causent pas d?accidents directs, font perdre, toutefois, des années précieuses à la «longévité» du véhicule. En effet, un véhicule forcé d?emprunter un tronçon d?enfer verra son système de freinage, sa boîte de vitesses, son système de suspension, son système hydraulique et, par effet d?entraînement, toute la chaîne mécanique et même la carrosserie en prendre un sacré coup. En résumé, sur une route impraticable ou usée, le parc automobile vieillit très rapidement. D?où la nécessité de prendre soin de nos routes. Car c?est de la santé du citoyen et du véhicule qu?il est question et des milliards de dinars à économiser.