Lancée tambour battant, au début de l'année en cours, la campagne pour la révision constitutionnelle s'est vite essoufflée. La sérénade du troisième mandat donnée par le FLN et plusieurs organisations dites « de la société civile » au président Bouteflika s'est estompée, suscitant ainsi moult interrogations. Le projet de la révision constitutionnelle a-t-il été abandonné ? De nombreux événements confirment en tout cas cette hypothèse. La déclaration faite, avant-hier, par le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, selon laquelle « la révision de la Constitution ne figure pas dans l'agenda du président de la République pour le moment » démontre, on ne peut plus clair, qu'il n'y a toujours pas de consensus autour de la question au sommet de l'Etat. Elle prouve aussi que même au sein du gouvernement tout est flou. La déclaration du ministre de la Communication vient contredire les affirmations faites, 24 heures auparavant, par le chef du gouvernement et secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, qui annonçait « une révision imminente de la Constitution ». Une déclaration qui n'a pas été répercutée par les médias publics, en particulier la télévision nationale ENTV, qui auparavant était la caisse de résonance de toutes les voix chantant le troisième mandat. En d'autres circonstances, l'ENTV ne raterait pas une telle occasion pour glorifier « les grandes réalisations du chef de l'Etat ». Confrontées au silence présidentiel sur le sujet, même les organisations ayant fait « le grand tapage » durant les premiers mois de l'année 2008 ne se sont pas manifestées, cette fois-ci, pour soutenir la démarche de Abdelaziz Belkhadem. On se souvient qu'au lendemain de la visite effectuée en Algérie par le président français, Nicolas Sarkozy, (décembre 2007), le FLN était le premier à lancer la campagne avant que les organisations satellitaires ne prennent le train en marche pour préparer l'opinion nationale à la révision de la Constitution. Une révision qui, affirme-t-on, devrait intervenir « durant le premier trimestre de l'année en cours ». Le premier semestre de l'année est presque écoulé et « le grand événement » n'a toujours pas eu lieu. La sortie de Abdelaziz Belkhadem a, fort probablement, pour objectif de remobiliser ces organisations et de détourner le débat autour de la crise interne que couve le FLN ainsi que sur la déclaration de politique générale du gouvernement qu'il devrait présenter dans quelques jours à l'APN. Une stratégie qu'il a, semble-t-il, mis en place pour isoler d'abord les voix discordantes au sein de l'ex-parti unique qui ne cessent de demander son départ. En effet, après avoir reporté à maintes reprises la date du congrès extraordinaire du FLN, Abdelaziz Belkhadem veut gagner encore du temps en fixant une nouvelle échéance pour la tenue de ce rendez-vous. Quel sera l'avenir de Abdelaziz Belkhadem et du FLN si la révision de la Constitution n'aura pas lieu cet été comme il le confirme ?