Il est toujours aussi alerte, vert et insolent. Agé de 56 ans, il joue des six cordes aussi vite que son ombre. Plus vite que la musique, quoi ! Il jure avec la gérontologie. Il file des complexes au jeunisme. Il se bonifie comme le vin, car sa musique est enivrante ! Il est une légende vivante du raï. Et puis, sa tête n'a pas enflé par rapport au syndrome des chebs. Ce n'est autre que l'immense guitariste Lotfi Attar, l'enfant terrible et de la balle de Sidi Bel Abbès, la patrie du raï. Et plus précisément du raï-électro. Aussi, au grand bonheur des fans de la première heure et des jeunes l'ayant découvert et apprécié, Lotfi Attar et son groupe Raïna Raï « new age » — car opérant un lifting, nouveau souffle de fraîcheur insufflé par de jeunes recrues au talent prometteur — s'est produit jeudi dernier, au théâtre des Verdures des Bois des Arcades de Riadh El feth. Un concert événement organisé par AS Productions faisant dans la promotion de la musique algérienne et maghrébine. Ainsi, le jeune et « vieux » brisquard du raï donnera une grand-messe d'un guitar-hero, pour ne pas dire héraut) avec ce côté sémillant et classieux d'un instrumentiste hors pair faisant dans un art pas du tout mineur, ringard ou encore moins has been. Contre toute attente, la patente du temps ne l'a pas usé. Comme dirait Mark Knopfler dans Sultan of Swing « He knows all the chords » (il connaît toutes les cordes). Lotfi Attar délectera, charmera et envoûtera son bon public de par une tablature de raï'n'roll — marque de fabrique de Sidi Bel Abbès (remember le regretté Zergui) — avec les désormais standards Salam, en guise d'intro-pacifique de bienvenue, l'incontournable, Zina (Diri latay), une infusion, non, une fusion digeste et digestive, Hagda, un reggae-raï, une rastafa... raï des berges de la Mekerra à Trenchetown (Kingston, Jamaïque), Ghomari, pérégrinations aux manœuvres orchestrales (comme dirait l'OMD) extatiques, Lala Fatima, un zouk-berouali-raï, Petit Paris, une ode à Sidi Bel Abbès, (valant bien une grand-messe) ou encore Djelloul, une reprise de Hey Joe de Jimi Hendrix. Lotfi Attar, offrira un « bonus track ». Une longue improvisation des douze barres du blues flirtant avec le goumbri électrifié et la gasba (flûte) aux notes pentatoniques dont il transcende en riffs de haute voltige (et voltage). C'est sûr, Lotfi est un fils de…pop qui est vraiment soul et pas du tout saoulant !