L'anarchie dans les constructions à usage d'habitation semble depuis des années faire partie de notre paysage urbanistique. On a beau s'égosiller sur la criante dysharmonie qui caractérise le cadre bâti et, par ricochet, sur les torts portés à notre environnement, le mal demeure si profond qu'il ne sera pas aisé d'extirper les racines. La plaie est si profonde après tant d'années de laxisme et de permissivité d'un phénomène qui a fini par s'enraciner dans nos mœurs bâties sur cette réflexion non moins gauche « l'état se verra obligé de me donner un logis s'il me détruit mon gourbi ». Et ainsi va la dégaine de ceux qui comptent sur ce fallacieux calcul visant à mettre la puissance publique devant le fait accompli. Ceux qui construisent sans plan d'architecture ni plan de génie civil — en d'autres termes, sans permis de construire — ne sont pas rares. C'est un secret de Polichinelle, car des dizaines, sinon des centaines de propriétaires d'un lopin de terre s'acoquinent avec une certaine administration dont les personnages interlopes leur facilitent la tâche pour ériger leur « citadelle » sans le fameux document en question. Pourtant, il faudra réagir si nous tenons à rendre moins inhospitalières nos cités. En 2006, le président de l'APW d'Alger faisait part de l'effarant chiffre de 65 000 constructions illicites. Faut-il régulariser ou démolir ces gîtes qu'on nomme par fausse pudibonderie habitat précaire ? Combien d'habitations en porte-à-faux avec les règles de l'urbanisme ont, depuis, été éradiquées ? Quel est le nombre de favelas que compte encore la capitale et de taudis qui essaiment dans sa périphérie ? Les squatters du foncier domanial sont-ils destinataires de mises en demeure ? Sont-ils sommés de vider un plancher qui ne leur appartient pas ? Sont-il rappelés à l'ordre que suppose la loi ? A dire vrai, l'expectative perdure et le désordre enfle. Certains édiles censés faire dans la vigilance semblent affectionner l'action amorphe, sous le prétexte qu'ils n'ont pas les coudées franches, sinon brandissent l'argument massue du cas « social ». L'on s'interroge dans la foulée en quoi consistent le rôle des services techniques de la commune et la mission dont est investie la police de l'environnement de l'urbanisme ? Quant au chapitre des bâtisses achevées sans certificat de conformité ou des constructions qui sont dans le stade des chantiers sans fin, la tâche ne se révèle pas moins ardue pour ceux censés adresser des injonctions et dresser des amendes. Quand bien même l'ultimatum est fixé pour cinq bonnes années.