Pour la majorité des quelque 200 participants au colloque international organisé mardi et mercredi par la Faculté des sciences économiques (FSEA) de l'université Badji Mokhtar de Annaba, la comptabilité du pays est de plus en plus préoccupante. « Le Plan comptable national promulgué en 1975, inspiré du Plan comptable général de la France de 1957, est un échec pour les besoins internes de nos gestionnaires et de divers intervenants nationaux dans l'économie nationale. Il est plus qu'urgent de le moderniser et de l'adapter au nouvel environnement né des réformes économiques, de la mondialisation, des nouveaux engagements tels l'accord d'association signé avec l'Union européenne et l'adhésion de notre pays à l'OMC », a indiqué Nacer Eddine Ziani, maître de conférences et chercheur. Des doutes ont été également exprimés par les universitaires algériens. Ils se sont inquiétés du refus des pouvoirs publics d'aménager et d'adapter le Plan comptable national (PCN) au nouveau contexte économique. D'autant, ont-ils affirmé, que depuis 1988, tous les codes ont été revus pour coller à ce contexte. Les mêmes universitaires ont souligné que le PCN s'avère obsolète. Sous les yeux très intéressés de leurs pairs dont C. Hamzaoui et C. Rihani, respectivement doyen de la FSEA et chef de département finances, un large débat s'est engagé sur différents aspects de l'économie nationale. Pour l'exemple, l'on a cité l'affaire El Khalifa Bank à l'origine de la faillite de milliers de dépositaires, dont des entreprises publiques, des administrations, des banques primaires et secondaires. De là à affirmer que la privatisation pourrait permettre à la comptabilité nationale d'évoluer est un pas que les participants au colloque ont allègrement franchi. Improvisation, mauvaise gestion ou encore pressions extérieures empêchant toute rationalité dans la gestion comptable et financière seraient, pour beaucoup de conférenciers, les facteurs à l'origine de la crise induite par l'application du PCN. « La crise du pétrole des années 1990 aurait dû nous servir de sérieuse alerte pour corriger notre PCN. Surtout qu'il en a résulté des dettes étouffantes et un rythme très ralenti de la croissance suivi par une récession généralisée dans l'ensemble des secteurs », ont indiqué d'autres intervenants. M. Ziani a par ailleurs estimé nécessaire l'alignement du PCN aux normes comptables internationales de l'International Accounting Standards (IAS). Il a précisé : « Les comptes consolidés des sociétés cotées et optionnelles pour les comptes individuels et les comptes consolidés des sociétés non cotées, seront conformes aux normes préférentielles de la Commission européenne. Ces normes seront obligatoires, dès janvier 2005. »