Les Guyotvillois n'en sont plus fiers : Aïn Benian-ville est devenue un centre urbain « quelconque » qui ne diffère guère des autres localités de l'Algérois. La ville voit ainsi ses habitations du Front de mer disparaître comme disparaît aussi le mode de vie dont s'enorgueillissaient les gens de la localité qui mettaient souvent en évidence leur « différence » par rapport aux autres régions. Différente aussi par sa composante humaine mais surtout par ses infrastructures touristiques datant de plusieurs années. Seules mises en cause, les décisions des autorités qui ne semblent pas aussi agréer les habitants et encore moins le gros des gérants des restaurants. La décision prise par le wali délégué de Chéraga d'interdire la vente de boissons alcoolisées sur les terrasses est la plus controversée. « La clientèle n'est pas seulement sevrée ; nous recevons aussi bien des nationaux que des étrangers qui n'apprécient pas qu'on les enferme dans des salons ; ils entendent profiter de nos terrasses », s'indignent des patrons qui voient leurs rentrées d'argent rétrécir comme peau de chagrin. Pour attirer « les récalcitrants et autres patentés », des manifestations sont organisées sur le port de plaisance « qui n'en est plus un », relèvent des Guyotvillois qui « ont connu les moments fastes de ce port qui n'attire plus grand monde ». D'ailleurs, depuis que l'on a décidé de la rebaptiser à la hâte El Djamila, cette partie de la côte guyotvilloise a perdu de sa splendeur. Les travaux engagés sur le port posent aussi problème ; l'écosystème en souffre déjà et pas seulement lui. Les gérants des restaurants, qui disparaîtront à court terme, dénoncent le refoulement des égouts endommagés par les travaux de la DTP. Sur la route menant vers la Madrague, des poclain barrent l'entrée, des travaux sur le réseau d'assainissement sont engagés depuis quelques jours. Une fosse y est ouverte et des odeurs nauséabondes s'en dégagent. « Le moment choisi pour de tels travaux est-il propice ? », s'interrogent les résidants du quartier. Et ce qui dresse sur leurs ergots les guyotvillois reste l'insécurité. C'est à peine si les riverains s'aventurent dans cette partie de la côte et même en ville. « Les logements sociaux font venir une autre population dans la commune. Cette population venue d'autres communes fait grand tort à cette région. Déjà, avec le séisme, des baraquements ont été construits autour de la ville », assure un résidant. Pour lui, les policiers ne sont présents que sur le boulevard principal et aux alentours du marché couvert et de la station de bus. « Le seul poste de police implanté à La Madrague a fini par fermer, et seuls des saisonniers, des agents habillés de blanc, ont investi les quais. Mais peuvent-ils empêcher les agressions ? J'en doute fort », ajoute notre interlocuteur. Rien n'est entrepris ni par l'Apc ni même par les autres instances de wilaya pour « marquer la saison estivale ». Seuls des jeunes ont trouvé le bon filon, plusieurs ont investi les quais ou sur quelques arpents de plages autorisées à la baignade et même sur celles qui ne le sont pas.