Au troisième jour des 3èmes journées du théâtre « prometteur », trois spectacles ont été donnés, dont deux duos. Le premier, de la troupe universitaire Phoenix, de Sidi Bel Abbès, « El lika al akhir », d'après un texte de Fellah Chaker, adapté et mis en scène par Zaoui Bouda, évoque l'atroce question du viol. Dans un huis clos, il met aux prises une mère-enfant et l'enfant non désiré, l'un accablant l'autre de ses tourments. Si Benaïssa Boubekeur a campé assez justement l'homme-enfant, par contre Benaïssa Naoual a été au-delà. Elle a été son personnage, faisant la preuve d'un immense talent, d'une sensibilité et d'une intelligence rares dans son jeu. Cependant, dans « La dernière rencontre », comme dans « El Akhar », le second duo, le conflit s'éternise en redites, son évolution ne se développant pas crescendo vers son aboutissement. Dans « L'autre », une adaptation de « le neveu de Rameau », de Denis Diderot, par Missoum Mohamed, il est question des travers de la société algérienne et du chamboulement des valeurs. Missoum Amine, également le metteur en scène, fait une nouvelle fois la démonstration de son métier de comédien, même lorsque son personnage discourt des lieux communs. Il a eu le mérite de n'avoir pas rendu sympathique le personnage négatif qu'il renvoi, refusant de surfer sur son machisme et son cynisme pour glaner des lauriers auprès d'un public qui, généralement, se laisse conquérir par le cabotinage. Abdellah Némiche qui, lui, donne la réplique, est quelque peu trop sobre en impotent personnage positif, le double de l'autre lui-même. Enfin, le troisième spectacle, inspiré de « Pas de lettre pour le colonel », de Gabriel Garcia Marquès, un superbe sujet auquel s'est attaché la troupe « le point », de Saïda, a déçu en « Dik el colonel », à cause essentiellement d'un surcroît de vérisme. Par ailleurs, en le ramenant à l'Algérie, pour raison de vraisemblance, l'adhésion à la fable est grandement parasitée.