L'avenue de la République à Batna abrite la bâtisse qui fut un jour le premier hôtel de la région est du pays. L'hôtel d'Orient et d'Angleterre, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a été érigé en établissement touristique de luxe en 1885, soit 37 ans seulement après la construction des premiers regroupements citadins dans la ville de Batna, laquelle a vu le jour, selon des documents historiques, suite au décret du 12 septembre 1848, signé par Napoléon III. A l'époque, la commission consultative de l'administration coloniale siégeant à Constantine avait décidé de faire de Batna une future ville du fait de sa position stratégique à la croisée des chemins entre les régions de Biskra, Tébessa, Sétif et Constantine. Construit en R+1, suivant l'architecture coloniale du 19e siècle, la bâtisse a été considérée comme une œuvre unique en son genre, avec un restaurant de luxe, un bar et un dancing. L'on raconte même que le lieu a été, durant des décennies, une destination obligée pour les personnalités politiques, artistiques et même culturelles, du fait que jusqu'à la première guerre mondiale, l'hôtel d'Orient et d'Angleterre était la seule structure d'accueil dans toute la région. Il a fallu attendre la fin des hostilités, après la première guerre mondiale, pour voir l'ouverture de l'hôtel Cirta à Constantine. Pour certains spécialistes bien au fait de l'Histoire de la région des Aurès, la découverte de sites archéologiques importants, tels les ruines de Timgad, le mausolée d'Imadghassen, mais aussi la présence de sites pittoresques, tels les balcons de Ghoufi et les gorges d'El Kantara, ont été parmi les principales raisons qui ont poussé l'administration coloniale à penser à ériger une structure qui puisse servir aussi de quartier général pour les multiples expéditions scientifiques. Il faut dire aussi que plusieurs célébrités sont passées par les lieux, à l'exemple du géant du cinéma américain John Wayne, mais aussi le ténor Mohamed Abdelouhab, alors au sommet de sa gloire. Après l'Indépendance, l'hôtel d'Orient et d'Angleterre, qui a pris déjà de l'âge, ne servira pas longtemps au vu des dégradations importantes qui l'ont affectés en l'absence d'une opération de rénovation. La structure, qui a gardé toujours son premier aspect architectural avec des planchers et des escaliers en bois, a été finalement fermée en 1975 pour sombrer complètement dans l'oubli, alors qu'elle aurait pu bénéficier d'une réhabilitation mérité. Depuis, la bâtisse, dépendant de l'APC de Batna et qui abrite les locaux de l'Algérienne des eaux, ainsi que les sièges des associations des handicapés et ceux de l'organisation nationale des enfants de chouhada, est dans un état de délabrement avancé, alors que certaines parties menacent même ruine. « Dommage pour un lieu chargé d'Histoire et qui faisait jadis la fierté de Batna, alors qu'il n'a bénéficié d'aucun intérêt de la part des autorités. Par contre, la bâtisse et l'assiette font déjà l'objet de convoitises de plusieurs parties », nous diront des Batnéens.