Quelle ville laissera-t-on aux enfants skikdis ? Il n'est pas besoin d'exceller dans l'imaginaire pour déduire les contours de Skikda, celle de 2020, 2030 et plus. Si l'inertie perdure, la ville deviendra grise, et perdra jusqu'à l'azur de sa mer. Ce sera une ville où on ne circulera plus, et on ne fera que s'engouffrer dans une cacophonie urbaine digne des grandes métropoles, mais hélas sans les commodités et l'espace, avec le smog en plus. Depuis l'Indépendance à ce jour, la configuration du réseau de circulation n'a pas changé d'un iota. Pis encore, les aires dégagées dans les années 1970/1980, ont été squattées et bétonnées dans l'omerta. S'il est vrai que la configuration de la ville prédisposait naturellement celle-ci à vivre cet étranglement, il est aussi vrai que l'affairisme, l'inertie et l'incompétence ont contribué à la « ghettoïser ». Aujourd'hui, tout comme avant, l'avenue Didouche Mourad, large de 12 m seulement continue de desservir la ville et ses infrastructures (plus de 40 institutions). Selon une étude réalisée au cours des années 1990 dans le cadre du POS du centre-ville, l'avenue en question, dont la capacité théorique est de 500 véhicules / h, desservait déjà plus de 1 100 véhicules/h. Aujourd'hui, avec l'accroissement fulgurant du parc roulant, qui était de 36 000 véhicules tous types confondus au début des années 1990, est passé à plus de 62 000 en 2002. Actuellement, avec les facilités octroyées dans le secteur, et en l'absence de statistiques fiables, l'on admet que le nombre de véhicules, pour la seule ville de Skikda, risquerait de dépasser les 70 000. Ailleurs, cette croissance représenterait un avantage, mais pour Skikda elle constitue une véritable entrave. Pourquoi ? Pour la simple raison qu'elle est parmi les grandes villes algériennes à avoir raté l'aménagement urbain. A titre d'exemple, il serait utile d'apprendre que le plan de circulation utilisé encore à Skikda date de 1990. C'est-à-dire qu'on continue à gérer une ville avec près de 20 années de retard. C'est aberrant ! Cependant, il reste aussi à admettre que la gestion de cette tare, bien skikdie, ne se limite pas seulement à tracer un nouveau plan, cela ne ferait que minimiser le mal. La ville a surtout besoin d'aménagements routiers et de solutions techniques. Mis à part le soulagement généré par la nouvelle route de l'îlot des Chèvres, on n'enregistre encore aucun projet digne d'une ville industrielle. Il était question de la réalisation en 2002, par l'APC, d'un autopont au niveau des Allées du 20 Août, mais à ce jour, et malgré l'aubaine financière, le projet traîne toujours. Par ailleurs, on ne peut évoquer le problème de la circulation à Skikda sans parler du stationnement. Les garages qui existaient ont été reconvertis en bazars, et le nombre de véhicules dans cette ville dépasse celui de Annaba, par exemple, outre le fait qu'elle ne dispose même pas d'un semblant de parking. Les aires pouvant abriter ce genre d'infrastructures ont été détournées de leur vocation, en plus de la densité humaine accrue qui pose aujourd'hui un énorme problème. Alors, comment circulera t-on à Skikda cet été et dans les années à venir ? Dieu seul le sait.