Le président Bouteflika pourrait bel et bien prendre part au sommet constitutif de l'union pour la Méditerranée. C'est en tout cas l'affirmation faite hier par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, dans le quotidien Le Monde. « Il n'est pas exclu que le président Bouteflika vienne à Paris pour ce sommet », précise le chef de l'Exécutif, en soulignant aussi que « le président Bouteflika nous a toujours habitués à être là quand l'Algérie doit être représentée à son plus haut niveau ». Alors que des doutes sur une défection certaine du chef de l'Etat s'exprimaient davantage, notamment suite à sa récente participation au minisommet de Tripoli, où Kadhafi a vertement critiqué le projet de Sarkozy, voilà que Belkhadem, et à la veille de la visite du Premier ministre français à Alger, vient de faire pencher d'une participation algérienne à plus haut niveau au sommet de Paris. Malgré les nombreuses réticences émises par l'Algérie sur les contours du projet de l'union pour la Méditerranée, la présence du président Bouteflika au rendez-vous du 13 juillet serait un franc et direct quitus de l'Algérie au projet de Sarkozy. Est-ce à dire que l'Algérie a fini par obtenir les clarifications qu'elle a demandées à l'initiateur du projet ? La réponse est non, si l'on se réfère aux réponses apportées par Belkhadem dans l'entretien qu'il a accordé au quotidien Le Monde en parlant clairement de « contenu flou ». « L'Algérie est favorable à toute initiative qui rapprocherait les deux rives de la Méditerranée. Mais celle qui nous a été exposée en 2007 par le président Sarkozy n'est plus celle qui nous est présentée aujourd'hui. Initialement, il s'agissait des seuls pays de la Méditerranée. L'objectif était de construire une union du même type que l'Union européenne, avec des projets à géométrie variable. Aujourd'hui, c'est une union pour la Méditerranée, et non plus une union méditerranéenne, et son contenu reste flou », estime le chef du gouvernement, confirmant ainsi que les questions entourant les objectifs et les mécanismes de mise en œuvre de l'UPM demeurent l'objet de questionnements inquiétant les pays du Sud, dont l'Algérie. Abdelaziz Belkhadem considère que cette union devant regrouper 44 pays s'inscrit « fidèlement dans le processus de Barcelone qui nous a déçus ». En guise de critiques au projet français, le premier responsable de l'Exécutif fustige qu'il n'y a guère eu d'avancées sur les trois volets politique, économique et humain. « Sur le plan humain, les choses se sont même dégradées, à la suite des mesures prises par les Etats de l'Union européenne, après le 11 septembre 2001. Et la France se limite à mettre en relief l'amélioration des conditions matérielles de délivrance des visas, sans préconiser des mesures tangibles pour mettre fin aux restrictions et discriminations auxquelles sont soumis les ressortissants algériens », observe Belkhadem. Ce dernier n'omettra pas de mettre sur la table des griefs portés au projet de l'UPM, l'objectif suspecté d'inciter les pays du Sud à la normalisation de leurs relations avec l'Etat d'Israël. « Si l'Algérie est favorable à une union de projets à géométrie variable, il ne faut pas que ces projets soient une couverture pour une normalisation rampante avec Israël », précise le responsable politique algérien.