Si je viens à périr avec ma petite fille et ma femme sous les décombres de cette bâtisse, écrivez que ce n'est pas faute d'avoir demandé secours. » C'est un père de famille en désarroi qui a sollicité nos colonnes pour attirer l'attention sur un cas de « non-assistance à personne en danger ». Elles sont au moins trois familles à vivre sous un toit beaucoup trop fragile pour espérer échapper encore longtemps à la menace de son effondrement. L'hiver, conjugué à une somme d'éléments compliquant la situation, menace de faire s'écrouler la trop vétuste construction que le séisme du 21 mai 2003 a dangereusement fragilisée. « Fissures importantes au niveau des murs, effondrement du plancher en bois en plusieurs endroits. » Les conclusions du CTC ont, en ces termes, exprimé l'urgence d'évacuer les locataires « dans le but de préserver des vies humaines et de les éloigner de tout risque d'effondrement total ou partiel du bâtiment ». Le rapport a été établi en décembre 2003 à la demande de la direction de l'OPGI de Béjaïa dont l'immeuble serait enregistré comme bien vacant. Ces résultats n'allaient qu'appuyer ceux d'une autre enquête effectuée six mois plus tôt par la commission communale d'évaluation des dégâts causés par le séisme et qui ont abouti aussi à la recommandation d'une évacuation impérative « des occupants et de mettre sous scellés l'immeuble ». Deux hivers et quelques répliques telluriques plus tard et les recommandations du CTC et de la DUCH de la commune sont toujours restées lettre morte. Les causes de dégradation subsistent encore. En sus des risques de nouvelles secousses, la construction réalisée en deux blocs (rez-de-chaussée et sous-sol) en 1922 voit sa vétusté s'accentuer au fil des mois et subit les infiltrations d'eau, notamment à travers le réseau de collecte des eaux pluviales. Le sol s'est affaissé à l'endroit d'un avaloir situé à proximité de la bâtisse. « J'ai saisi toutes les autorités y compris le chef du gouvernement, en vain », nous affirme, un père de famille qui revendique le droit d'être recasé « avant que malheur n'arrive ».